Des violences contre des Soudanais ont fait 12 morts en deux jours au Soudan du Sud, où un calme relatif est revenu sur les dernières 24 heures, ont indiqué samedi les forces de l'ordre du pays frappé par une instabilité chronique. Un rassemblement organisé dans la capitale, Juba, pour protester contre des informations faisant état du meurtre de 29 citoyens sud-soudanais à Wad Madani, dans l'Etat d'Al-Jazira, au Soudan voisin en proie à la guerre, avait, jeudi soir, dégénéré en pillages de commerces appartenant à des Soudanais. La police avait tiré des coups de feu pour disperser le rassemblement, faisant trois morts et sept blessés. Le plus jeune pays du monde avait instauré vendredi un couvre-feu nocturne, tandis que les manifestations se sont propagées à d'autres villes. v Vendredi, «neuf personnes sont mortes dans la ville d'Aweil», dans le nord, ont indiqué les forces de l'ordre dans un rapport samedi, précisant que deux Sud-Soudanais et sept Soudanais figuraient parmi les victimes. Toujours vendredi, 13 Sud-Soudanais ont été blessés par balle lors d'échanges de tirs à différents endroits de Juba, selon la police. La situation sécuritaire est «relativement calme et stable dans tout le pays depuis les dernières 24 heures», selon un communiqué samedi du porte-parole de la police John Kassara. Les choses semblaient en début de soirée revenues à la normale dans la capitale, à l'exception des commerces soudanais toujours fermés et du large déploiement des forces de sécurité. Quelque 278 Soudanais, dont 35 enfants, ont été mis à l'abri par la police de l'Etat de l'Equatorial central. Dans la capitale, 551 Soudanais sont toujours dans des abris sécurisés. «Nous avons créé une nouvelle catastrophe humanitaire», a déploré vendredi la ministre de l'Intérieur Angelina Teny. Le président Salva Kiir a appelé «à la retenue». Le Soudan est en proie à une guerre, depuis avril 2023, opposant l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) menés par son ancien allié, le général Mohamed Hamdane Daglo. Le conflit a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé 12 millions de personnes, et des centaines de milliers de personnes sont victimes de la famine. De nombreux citoyens soudanais résident ou se sont réfugiés au Soudan du Sud, qui a obtenu l'indépendance de son voisin en 2011 et est depuis frappé par une instabilité chronique. En 2013, il a plongé dans une guerre civile meurtrière opposant les rivaux Salva Kiir et Riek Machar, faisant plus de 400000 morts et des millions de déplacés. Malgré la signature d'un accord de paix en 2018, le pays reste miné par les luttes de pouvoir, la corruption et les conflits ethniques locaux. Le Soudan du Sud a annoncé l'année dernière le report de deux ans des premières élections de sa jeune histoire, censées mettre fin à la période de transition prévue par l'accord. Une délégation gouvernementale a annoncé à la télévision South Sudan Broadcasting Corporation être samedi partie pour la capitale kényane Nairobi, où des pourparlers pour la paix doivent reprendre lundi avec des groupes armés non signataires du texte de 2018. Depuis un accord de cessez-le-feu en 2020, qui n'a pas été respecté, ces négociations sont au point mort.