La Croisette s'anime! Cannes retrouve ses paillettes et ses strass mais aussi ses millions de kilomètres de pellicule impressionnée tout au long de l'année écoulée. Les marchands se retrouvent sous les tentes du Marché du film le long de plage cernant le Bunker Palace où le tapis rouge est changé chaque jour pour accueillir chaussures vernies et autres escarpins de circonstance. Plus d'un milliard d'euros, c'est le chiffre d'affaires annoncé pour cette année! Une précision, la plupart des pays du monde ont leur stand...Ne parlons pas des Iraniens, qui, malgré l'arrivée de Ahmedinejad au pouvoir (et qui a signé le déclin de ce cinéma), sont toujours sur le pont. Tunisiens et Marocains ont aussi leur stand bien en vue avec un personnel qualifié et la documentation adéquate à portée de main: DVD, dossiers en kit, le tout avec le sourire. Malgré son emploi du temps, le boss du Centre du cinéma marocain, (entre autres) Nouredine Saïl, reçoit le visiteur comme s'il était l'unique client de la journée. Une dizaine de minutes pleines où toutes informations sont données et Dieu sait qu'elles sont nombreuses! Le Tunisien Ahmed Attia, suppléé par Nadjib Ayad en fait de même dans son stand où est affiché, à portée du regard, le planning de leurs activités et la documentation incitant à venir tourner en Tunisie. Taoufik Guigua vous accueille chaleureusement comme si vous vous étiez quittés la veille, pour vous annoncer que les labos de Tarak Ben Ammar (LTC-Tunisie) sont entrés dans leur phase active. Bon, il nous reste une consolation, celle d'apercevoir M.Taoussar, le patron de l'Onda, et Mme Merbah, du service juridique du ministère de la Culture, assidus à la rencontre euro-méditerranéenne sur les droits d'auteurs. De mémoire de festivalier (25 années quand même) et Dieu sait combien celle-ci peut jouer des tours! C'est une des rares fois où il nous a été donné de constater une présence aussi attentive nationale, avec une intervention sensée et judicieuse du directeur général de l'Onda. Comme quoi, il n'y a pas de secret, la compétence suffit à tout, même à ne pas dévoiler le retard criant qu'enregistre notre cinéma...Cela est une autre histoire qu'il faudra bien aborder un jour prochain, en toute sérénité et en toute responsabilité. Incessamment, sous peu d'ailleurs. Au risque de ne pas plaire à certains! Mais qu'importe, il y a péril en la demeure et les remarques acerbes qui nous parviennent sur la participation algérienne dans les forums internationaux, ne nous fait pas seulement monter le rouge au front, mais fait naître une colère sourde qu'il faudra bien écarter si l'on doit examiner avec sérénité, mais sans complaisance, la situation avec la tutelle concernée, loin, bien entendu, des effets médiatiques qui n'ont, pour seul but, que de dénoncer et non d'énoncer. Tous les jours, nous voyons le premier magistrat du pays houspiller l'irresponsabilité et l'absence de rigueur et de probité de ceux qui ont en charge leur secteur. Est-ce que ces personnes ont-elles oublié que la République a dû renaître au forceps pour la tirer des limbes de la barbarie et de l'obscurantisme. Le prix à payer a été fort, il est important que personne ne l'oublie et que chacun interroge sa conscience. Tout le monde est comptable devant l'Etat. Si le département de la culture manifeste une volonté de faire bouger les choses, il est bon, pour que ses efforts ne soient pas dilapidés par d'autres, qu'une halte soit faite pour faire un bilan de ce qui a été fait dans le domaine du cinéma au cours des dernières années au regard de ce que Tunis, Rabat, Ouagadougou, par exemple, ont obtenu en l'espace de deux ans! Ne parlons pas de la Bosnie, un pays ravagé par la guerre et qui a rattrapé son retard en moins de quatre années! Bon, à chaque jour suffit sa peine! Ce propos est suscité par un profond dépit de voir que le pays auquel on s'accroche (et ce sera ainsi jusqu'à la fin, que l'on se le tienne pour dit) en est réduit à cela! Cannes a un effet grossissant de nos tares et de notre indigence croissante en la matière! Mais Cannes, c'est aussi l'endroit où, profitant du soixantième anniversaire du festival, Al Pacino (67 ans) et Robert de Niro (63 ans) se sont tapés dans la main pour annoncer leur décision de rejouer ensemble dans un polar, Righteous Kill. Il est vrai que ce genre, les Ricains l'exportent beaucoup, de là à dire qu'il voyage bien, ce serait, disons plutôt, selon la cuvée... Cette année, David Fincher, celui qui a commis Seven a proposé un Zodiac qui aurait pu être intéressant mais qui, au final, ressemble à un assemblage d'images, bien faites et surtout bien sonorisées... Pourtant Fincher ne s'en est pas trop caché, Alan Pakula avec son magnifique Les Hommes du Président lui a bel et bien servi de base, pour raconter l'histoire de ce sérial killer apparu le 4 juillet 1969 et qui n'a jamais été arrêté. Un suspect vers lequel convergeait beaucoup de faisceaux d'accusation, a bien failli être coincé, presque quarante années plus tard, mais une crise cardiaque l'emporta à temps, avec son secret. Quant au film de Wong Kar Waï Blueberry Nights, qui vaut par son duo de charme, la «petite» Norah Jones et le séduisant british Jude Law, il a laissé le public avec, dans la bouche, un goût de...myrtille (blueberry): sucré et un peu acide...Le film qui tient la corde est...roumain, nous reviendrons plus longuement sur cette pépite engoncée de boue «ceaucescueienne»...