«Plein soutien» de la part des Etats-Unis au président de l'Autorité palestinienne, M.Abbas, qui a limogé le gouvernement d'Union nationale, alors que la présidence allemande de l'UE «soutient énergiquement cette décision». Dire que la situation est explosive dans la bande de Ghaza relèverait presque d'un euphémisme. Le Hamas en a pris le contrôle, dans la nuit de jeudi à vendredi. Les brigades Azeddine El Quassam, bras armé du Hamas, ont mis en déroute le Fatah de Mahmoud Abbas. Les Américains sont préoccupés. Ils ne veulent pas voir la bande de Ghaza échapper au contrôle du président de l'Autorité palestinienne. Ils expriment leur inquiétude. Jeudi, le président Mahmoud Abbas prend la décision de limoger le gouvernement dont la composante est dominée par le Hamas. Il proclame l'état d'urgence. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, réagit. Elle déclare à la presse: «Le président Abbas a exercé son autorité légale en tant que président de l'Autorité palestinienne et représentant du peuple palestinien.» La chef de la diplomatie américaine a rappelé la majorité confortable avec laquelle a été élu M.Abbas en 2005. Elle a, cependant, omis d'ajouter que le successeur d'Arafat a été contraint à une cohabitation à la suite de la victoire du Hamas aux législatives de janvier 2006. Ce qui a marqué le début de la crise palestinienne. Condoleezza Rice, qui recevait au département d'Etat américain ses homologues des Etats baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), a poursuivi, au sujet de M.Abbas: «Nous le soutenons pleinement dans les décisions qu'il a prises pour tenter de mettre un terme à cette crise au nom du peuple palestinien, afin de lui donner une chance de retrouver la paix et un avenir meilleur.» Une nouvelle donne pour une meilleure chance de paix? Les Américains suivent avec un intérêt marqué ces nouveaux rebondissements. La secrétaire d'Etat américaine a été mise au courant par le président Abbas de sa décision de limoger le gouvernement et de décréter l'état d'urgence. Les Etats-Unis ont exprimé leurs «profondes inquiétudes» devant la tournure des événements. Ils avaient appelé à l'arrêt des violences. Les alliés arabes des Américains sont exhortés par Mme Rice à soutenir les forces palestiniennes modérées. On garde un oeil sur d'éventuelles divisions au sein du Hamas. «Je noterais, cependant, comme un signe de division au sein du Hamas, qu'au moment où Haniyeh appelait au cessez-le-feu, au calme, les membres de la soi-disant aile militaire du Hamas continuaient à lancer des attaques», a observé M.McCormack, porte-parole du département des Affaires étrangères américain. La présidence allemande de l'Union européenne, bien que préoccupée par les «conséquences humanitaires», «soutient énergiquement» la décision de Mahmoud Abbas. Par la voix du porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Jelger, l'UE «condamne avec la plus grande sévérité la prise de pouvoir violente par des milices illégales du Hamas à Ghaza et la mort de civils innocents». Margaret Beckett, la ministre des Affaires étrangères britannique a qualifié, dans un communiqué, de «matière à regrets» la décision du président de l'Autorité palestinienne. La Commission européenne avait, quant à elle, appelé à une «trêve humanitaire, jeudi». Seul pays occidental a avoir normalisé ses relations avec le gouvernement palestinien issu des élections législatives de 2006, remportées haut la main par le Hamas, la Norvège, a pris la décision de maintenir ses aides directes à l'Autorité palestinienne malgré l'embrasement qu'a connu la bande de Ghaza. M.Erik Solheim, ministre norvégien de l'Aide au développement, l'a confirmé. Par quel côté du prisme observer l'échiquier politique palestinien? La situation inédite qu'aucun pronostic n'aurait osé laisser présager le chaos. Les frères d'hier sont devenus les ennemis d'aujourd'hui. Au grand bonheur d'Israël. Si l'on se réfère au manichéisme occidental, Etats-Unis en tête, il y aurait, d'un côté, les bons, de l'autre, les méchants. Le Fatah de M.Abbas et le Hamas d'Ismaïl Haniyeh. Un point de vue. Un point c'est tout.