Krim Belkacem, l'homme des accords d'Evian, le lion des djebels, celui qui, à l'instar de beaucoup d'autres, a sacrifié sa vie pour ce pays, revient cette semaine. II est difficile d'évoquer Krim sans se référer à cette wilaya III qu'il avait, en somme, créée et à ces valeureux moudjahidine qu'il a su former et aguerrir depuis 1947 pour certains et Novembre pour d'autres. Krim, dont la silhouette trapue était connue et attendue par tous dans le moindre hameau, était la cheville ouvrière de cette wilaya III qui fut l'un des bastions de la résistance nationale. Une fois que la patrie a décidé de l'envoyer en dehors du pays en guerre, Krim fut de toutes les responsabilités dont, entre autres le ministère de l'Intérieur, le GIG et le ministère des Affaires étrangères choisi pour en principe le voir «se casser les dents», lui que l'on considérait plus comme un guerrier qu'un diplomate. C'est lui qui eut ce grand mérite de rencontrer les amis chinois: Mao, Chou En-Laï, ainsi que Khroutchev, le président du présidium de l'URSS. Cette double reconnaissance allait d'ailleurs participer au changement de la donne. Cela précipitera les négociations avec le gouvernement de De Gaulle, à Lugrin et aux Rousses, ensuite. De ces négociations, Krim a laissé un fait historique qui a fait mouche. Face au chef de la délégation française, Joxe, qui le pressait de signer en bas des accords alors que ces derniers comportent une phrase pour le moins imprécise pour le sort du Sahara algérien, Krim refusa et son vis-à-vis lui dit alors: «Je vous affirme que cette phrase signifie exactement les termes de notre accord. Vous pouvez me croire, je suis professeur de littérature française et je sais ce que les mots veulent dire». Ce jeudi, en ce 37e anniversaire de son assassinat, sa famille et de nombreux citoyens ont tenu à s'associer pour lui rendre hommage à El Alia. Le ciel était bas et les nuages menaçants, le ciel pleurait en fait l'homme qui a donné sa vie à la patrie. Rares les compagnons de combat et les humbles qui ont raté cette commémoration, mais hélas, trois fois hélas, les officiels tout comme la télévision, d'ailleurs, ont brillé par leur absence. La cérémonie était le fait de la kasma des anciens moudjahidine d'Aït Yahia Moussa et l'aide de l'APC ainsi que le concours de la kasma des moudjahidine de Draâ Ben Khedda. Le frère de Belkacem, Arezki, et la file du disparu, Kawthar, ont déposé une gerbe de fleurs sur la tombe. Ce 18 octobre, Krim a été dignement honoré par les siens: sa famille et ses compagnons. Le grand homme méritait assurément plus.