Selon la porte-parole de la commissaire européenne aux Relations extérieures, l'Algérie aurait exprimé sa volonté «d'adhérer» à la PEV. L'Algérie aurait manifesté un regain d'intérêt à la Politique européenne de voisinage (PEV). Après lui avoir tourné le dos pendant trois ans, Alger, selon les milieux politiques bruxellois, aurait assoupli sa position par rapport à ce qu'elle a été initialement. Qu'y a-t-il eu de changé depuis 2004? «Il y a une volonté politique pour l'implication dans la politique de voisinage», a ainsi affirmé Christiane Hohmann, porte-parole de la commissaire européenne aux Relations extérieures, Bénita Ferrero-Waldner. Cette déclaration a été faite lors d'une rencontre avec le groupe de presse composé de 14 journalistes algériens, tenue au siège de la Commission européenne à Bruxelles. Pour Mme Hohmann, cette volonté est un signe fort de la part de l'Algérie de s'engager dans la politique de voisinage. Toutefois, en l'absence de réaction, ou de confirmation algérienne, il faut prendre ces déclarations avec précaution. Pourquoi ce changement et pourquoi maintenant? L'Algérie a-t-elle cédé ou est-ce l'Union européenne qui a mis de l'eau dans son vin? La porte-parole était catégorique dans sa réponse: «Il n'y a pas eu de marchandage». En d'autres termes, l'Europe demeure ferme sur ses propositions antérieures. «Il n'y avait aucune pression exercée par l'UE et même l'offre n'a pas changé», réitère Mme Hohmann. Très sûre d'elle et même confiante, Mme Hohmann précise que la Commission européenne n'a introduit aucune modification quant à sa stratégie de politique européenne de voisinage. Autrement dit, la feuille de route proposée en 2004 reste de mise. Sans le dire clairement, la responsable européenne a laissé entendre que c'est le gouvernement algérien qui a dû revoir sa position. «Le gouvernement algérien a fait des efforts énormes», a-t-elle indiqué. Selon Mme Hohmann, aucune date butoir n'a été fixée pour la signature de l'accord de politique européenne de voisinage. L'essentiel, affirme-t-elle, est que la volonté politique existe pour «intégrer» l'Algérie dans le club européen. Certes! Il reste le fait que du côté algérien, aucune confirmation n'avalise ces «révélations» Cela d'autant plus que la représentation algérienne à Bruxelles indique que l'Algérie campe toujours sur sa position de rejet des conditions posées par l'UE. Il y a lieu de rappeler que jusqu'à fin 2007, l'Algérie a encore réitéré sa non-intégration à la PEV (Politique européenne de voisinage). L'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, Halim Benattallah, avait réaffirmé -lors d'une conférence internationale organisée en septembre dernier dans la capitale belge par la Commission européenne- que «l'Algérie préfère laisser le temps à l'application de l'Accord d'association signé avec l'UE, ratifié et entré en vigueur en 2005, et ne souhaite pas qu'il soit supplanté par d'autres mécanismes de partenariat du type PEV». «Cet accord (d'association avec l'UE), avait-il expliqué, conserve tout le potentiel de rapprochement et de coopération avec l'UE. Il répond au principe de différenciation et cristallise toutes les priorités nationales liées à l'économie, aux droits de l'homme...». Loin s'en faut! Les propos de la porte-parole de la commissaire européenne Benita Ferrero-Waldner, semblent être une interprétation des discussions tenues récemment entre les deux parties lors de la visite de la commissaire européenne à Alger, en février dernier. D'une durée de quarante-huit heures, cette visite a pu effectivement déboucher sur un accord de principe pour le lancement des pourparlers sur la démarche à suivre pour l'adhésion de l'Algérie à la PEV. «L'UE souhaite un renforcement et un approfondissement du partenariat bilatéral avec l'Algérie et un programme d'actions concrètes dans des domaines prioritaires d'intérêt mutuel», avait affirmé à Alger la commissaire européenne. Mme Ferrero-Waldner avait même assuré que «l'UE est prête, si l'Algérie le veut, à servir de point d'ancrage aux réformes et à la transition économique du pays». Comme elle avait estimé que l'Algérie «peut tirer des avantages du partenariat avec l'Union européenne qui est prête à discuter les actions concrètes qu'elle pourrait entreprendre dans sa coopération avec l'Algérie». Ces garanties avancées par la Commission européenne auront permis de convaincre le gouvernement algérien de la nécessité de suivre le chemin suivi par plusieurs pays, à l'instar de la Tunisie et du Maroc. «Nous sommes en train d'élaborer un accord de principe pour mettre en place un accord sur le plan d‘action», a précisé Mme Hohmann. La responsable constate que, selon elle, une étape importante a été franchie. Développant le contenu de cette coopération, la conférencière cite, à cet égard, le programme arrêté avec l'Algérie pour la période 2007-2011. Ces programmes sont centrés sur les réformes économiques, la réforme de la justice et le renforcement des services publics de base. «Ce programme, a-t-elle précisé, est doté d'une allocation financière globale de 220 millions d'euros (21,5 milliards de dinars), dont 57 millions d'euros (5,5 milliards de dinars) pour l'année 2007.» La porte-parole de la commissaire européenne a précisé, par ailleurs, que le programme d'assistance à l'Algérie n'est pas similaire à celui des pays voisins. «Le programme, indique-t-elle, est flexible et des changements seront introduits en fonction des besoins de l'Algérie.» Reste à connaître le point de vue d'Alger sur une question qui engage l'Algérie sur le long terme. En effet, si les responsables européens semblent éprouver quelque soulagement au fait qu'Alger adhère à la PEV, cela ne peut, et ne doit se faire au détriment des intérêts de l'Algérie.