Le Cnes de l'université d'Oran décide d'«alerter de nouveau le ministre de l'Enseignement supérieur, le président de la République et l'Unesco», concernant le scandale du Magister. Tel un canard sans tête qui continue de courir sans trop savoir vers quoi, l'Université algérienne végète dans une situation aux lendemains incertains. A peine deux mois après l'ouverture officielle de l'année en cours, plusieurs universités ont été paralysées. Cette dégradation du climat universitaire a fait sortir les syndicats de leurs gonds. Dans un communiqué parvenu, hier, à notre rédaction, le Cnes réagit à propos du scandale du Magister au sein de l'université des sciences et de la technologie d'Oran (Usto). Cette section syndicale a décidé notamment, d'«alerter, de nouveau, le ministre de l'Enseignement supérieur, le président de la République ainsi que l'Unesco...» Le constat est comme suit: d'une part, la tutelle rassure. De l'autre, des mouvements de protestation sont entamés, des cours gelés...et de la violence, verbale et physique, échangée entre professeurs et étudiants. Comme si ces spectacles quotidiens se suffisaient à eux- mêmes, sans qu'il soit nécessaire de les commenter davantage. Logique d'épuisement, logique d'affrontement. Ainsi, va l'Université algérienne. Cette situation nuisible est due «au manque de concertation entre les membres de la famille universitaire», soutient Abdelmalik Rahmani, coordonnateur national du Cnes, contacté hier, par L'Expression. Les problèmes sont également mal posés. Si le débat sur le système LMD a été tranché, «des lacunes énormes sont constatées dans la mise en application de ce système d'enseignement», explique notre vis-à-vis. Ce sentiment de frustration généralisé, qui se répand comme une gangrène au sein de plusieurs universités, «peut naître d'un manque d'information et de communication de la part de la tutelle», a-t-il souligné. Ce manque flagrant, conjugué à une gestion défaillante des oeuvres sociales, pousse la communauté estudiantine à recourir à la grève, chaque fois que se présente l'occasion. «Le budget de 5300 milliards de centimes alloué par le gouvernement aux oeuvres sociales universitaires, aurait suffi largement pour mettre l'étudiant dans de meilleures conditions», enchaîne le coordonnateur du Cnes en guise d'argument. Or, les étudiants souffrent. A la Fac comme au niveau des résidences universitaires. Sans boussole, ils n'ont d'autre choix que deux solutions envisageables. Soit un «rêve traditionnel», geler les cours, soit s'«adapter» à une «misère» qui commence à toucher les Instituts et écoles qui, jadis, ont formé de hauts cadres, parmi eux ceux qui nous gouvernent. L'année scolaire en cours a connu un début laborieux. Sur fond de tiraillements. Il a fallu une semaine seulement pour voir les étudiants de la faculté de médecine de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, entamer une grève qui a fait couler beaucoup d'encre. Le maintien du système de rachat et l'abrogation de la note éliminatoire pour les étudiants ayant une moyenne générale supérieure à 10 sur 20, sont les principales revendications transmises au doyen de la faculté. La prise en charge effective des périodes de stage au niveau du CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou, a été également mise en avant dans ces revendications. Exaspérés par la «non-vie» qu'ils vivent dans leur faculté, les étudiants du département de langue et littérature françaises sont passés à la grève... illimitée. Les portes menant aux facultés de l'université de Boumerdès ont été complètement fermées. Pas d'accès à l'intérieur. Dans un autre contexte, M.Rahmani est revenu sur la question qui a trait aux salaires des enseignants du supérieur. «La commission des indemnités doit être réactivée», insiste-t-il. Et d'appeler les pouvoirs publics à changer «leur politique d'autisme» et ouvrir le dialogue avec tous les syndicats.