Des 140.000 personnes employées en amont et en aval, il n'en reste aujourd'hui que 50.000. C'est une véritable détresse qui s'est emparé des conserveurs de tomate à l'est du pays après la paralysie constatée de 14 unités de transformation de la tomate, appartenant au secteur public et privé. Cette situation qualifiée de crise dure depuis quelques années et les concernés la lient expressément à la perte de change qui semble paralyser le secteur dans toute son étendue. Ce fait, généré durant les années 90, selon le porte-parole des conserveurs, a entraîné de fâcheuses conséquences pour les opérations économiques en question. Ceci est aussi aggravé par les taux appliqués par les banques sur les crédits d'exploitation qui se situent entre 23 et 17%. Ainsi, dans une lettre adressée au président du Forum des chefs d'entreprise le 15 avril dernier, le collectif des conserveurs s'est étalé sur les différents aspects liés à la dégradation de la filière tomate. De nombreuses contraintes sont mises à jour par la correspondance, dont entre autres griefs cités plus haut l'ouverture sur le marché extérieur, génératrice d'importantes importations ayant inondé le marché de produits étrangers essentiellement de marques tunisienne, italienne et turque, vendus à des prix nettement inférieurs aux produits algériens. S'ajoute à cela l'intervention des échéances des crédits reprofilés qui sont devenus exigibles. «A compter de l'année 2000, les premières échéances sont devenues exigibles au moment où la situation de la majorité des conserveurs s'était encore dégradée», lit-on dans la lettre d'où l'entrée en vigueur des prérogatives des banquiers, liées aux clauses des contrats qui leur permettent de procéder à la suspension unilatérale de crédits accordés aux clients défaillants, du fait que ces derniers ne prennent pas en compte le vécu des conserveurs. Ces derniers sont encore enfoncés davantage dans leur crise par la démarche bancaire qui met en branle ses services pour apurer les dettes en poussant les opérateurs à s'acquitter des dus, même ceux qui ne sont pas encore exigibles. «Les conséquences de cette démarche sont fâcheuses et se sont répercutées de manière dangereuse sur le fonctionnement de l'ensemble des conserveries par le tarissement des ressources bancaires en matière d'exploitation, et avec la disparition depuis 2004 du crédit de campagne que nous reste-t-il?», s'est interrogé le porte-parole des conserveurs qui met en évidence aussi l'augmentation des prix de l'emballage, de l'énergie, de certains intrants, des charges fiscales et parafiscales...L'inquiétude des conserveurs face à cela grandit avec la concurrence déloyale qu'impose la situation du marché en plus de la vétusté de certaines installations qui nécessitent des réhabilitations et des mises à niveau nécessaires au rendement. «Sur le plan commercial, les débouchés du produit algérien restent tributaires des ménages à pouvoir l'absorber. Quant à l'exportation, cette dernière est vouée à l'échec, car nos prix sont incomparables au vu des coûts de production qui sont hors normes par rapport à ceux pratiqués ailleurs», nous a révélé le porte-parole des conserveurs en soulignant la nécessité de prise en charge des préoccupations des différents intervenants dans la filière, notamment en matière d'aide et de subvention aux agriculteurs à l'image de ce qui se fait de par le monde où le produit destiné à l'exportation est subventionné à hauteur de 50% de son coût de production. Selon notre interlocuteur, la production de la tomate a connu une forte régression, passant de 100.000 tonnes, une cadence annuelle, à 40.000 tonnes en 2007 avec une tendance régressive alarmante, d'où la fermeture de 14 conserveries, sur les 16 à l'est du pays. Cette filière qui employait en amont et en aval en plus des intervenants indirects quelque 140.000 personnes, n'est aujourd'hui qu'à 50.000. Un effectif appelé à la baisse. «Qu'allons-nous faire des 25.000 hectares, réservés à la tomate industrielle et des fellahs exploitants?» s'est interrogé encore une fois le porte-parole des conserveurs face à la menace de disparition de ce secteur caractérisée par les mises en faillite qui guettent les conserveries. Cette inquiétude des conserveurs a été maintes fois portée à la connaissance des hautes autorités du pays, dont la toute dernière qui date du 14 mars 2009, une correspondance adressée au ministre de la PME/PMI. Pour les conserveurs, sauver le secteur n'est pas chose impossible. Ils interpellent l'Etat à la prise en charge d'une série d'actions qui tendent à une reprise certaine d'une dynamique, basée sur un traitement uniforme de tous les opérateurs par rapport à la perte de change en relèvement des concours bancaires au niveau des besoins réels de l'exploitation engendrée par les capacités installées à la mobilisation des crédits nécessaires à la réhabilitation des installations, à la création de réseaux de distribution adaptés à la spécificité du marché, à l'effacement de la dette...Peut-être qu'avec ces actions le secteur reprendra ses forces pour affronter les lois du marché.