Le fair-play fait les frais de la débâcle des Pharaons face aux Fennecs. L'Egypte est en dépression politique après sa déconvenue du Soudan. Les symptômes sont visibles à plusieurs niveaux. Sur le plan médiatique, l'escalade égyptienne a atteint des proportions inquiétantes. Devant cette situation, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a chargé, hier, l'ambassadeur d'Egypte en Algérie d'une mission précise: transmettre aux autorités de son pays «l'incompréhension et la grande préoccupation» des autorités algériennes de l'ampleur prise par la campagne médiatique incendiaire en Egypte. Dans un communiqué rendu public, le ministre a exprimé «l'espoir qu'il soit mis instamment un terme à cette campagne». Ce faisant, M.Medelci a indiqué que cette campagne «ne sert pas les intérêts des deux pays et des deux peuples». En outre, le ministre a rappelé que «l'Algérie a pris toutes les mesures dans le sens de l'apaisement». Ces mesures ont été prises avant, durant et après les deux rencontres de football. Au demeurant, le ministre a signalé que les autorités algériennes ont mis en place «un dispositif sécuritaire renforcé en vue d'assurer la sécurité des ressortissants égyptiens, et de leurs biens en Algérie». Tandis que Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, a souligné que les relations entre les peuples algérien et égyptien ne sauraient être affectées par des réactions de certains Egyptiens. «En Egypte, les Algériens étaient des hôtes et ce n'est pas eux qui étaient à l'origine des agressions», a-t-il dit, refusant avec force toute «vision hautaine». Cependant, a-t-il souligné, «le peuple algérien n'admettra jamais qu'on le dénigre ou qu'on touche à ses symboles et à son histoire». A contrario, l'attitude des autorités égyptiennes est loin de traduire une volonté d'apaisement. Sur le plan politique, les autorités égyptiennes ont fait de la rumeur un discours officiel. Sur ce point, le président de l'Assemblée du peuple égyptien, le Dr Ahmed Fathi Sorour, n'a pas dérogé à la règle. Trois jours après les incidents du Caire, il adresse un message à Abdelaziz Ziari, président de l'Assemblée populaire nationale (APN). Dans ce message, le Dr Sorour fait fi de l'agression dont ont été victimes les joueurs et les supporters de la sélection nationale au Caire. Pis, ce dernier s'est permis le luxe de s'ingérer dans les affaires internes du pays. Ainsi, il a «invité», M.Ziari à «arrêter les campagnes médiatiques et les provocations nuisibles aux Egyptiens» établis en Algérie. La réponse de Abdelaziz Ziari ne s'est pas fait attendre. «J'ai constaté avec regret que votre message revendiquait les rumeurs et assertions colportées par les médias égyptiens et qui ont porté atteinte à la dignité et aux symboles sacrés du peuple algérien», a rétorqué M.Ziari à son homologue égyptien, allusion aux atteintes à l'emblème et à la sélection nationaux. «J'attendais que vous dénonciez, du moins, la violence subie par l'Equipe nationale et ses supporters», a lancé M.Ziari au Dr Sorour. D'un ton serein, le président de l'APN a appelé son homologue égyptien à reconsidérer la situation. Ce faisant, il l'a invité à faire preuve d'objectivité dans le traitement des événements. A titre de rappel, M.Ziari a indiqué que le match barrage entre l'Egypte et l'Algérie est sorti de son cadre sportif pour une raison: l'agression contre le Onze national et ses supporters au Caire. Pour rappel, le bus des Fennecs a été «caillassé» par des supporters égyptiens. A ce jour, aucune voix officielle égyptienne n'a condamné ces actes. C'est dire que le chauvinisme a pris le pas sur la clairvoyance politique.