Quand le 11 mai, le conservateur David Cameron devenait à 43 ans le plus jeune Premier ministre britannique depuis deux siècles, les bookmakers prenaient les paris sur la mort imminente de cette alliance contre nature. Le gouvernement britannique fête mercredi cent jours au pouvoir marqués par une frénésie de réformes, faisant mentir ceux qui avaient condamné à l'inaction cette coalition entre droite et centre-gauche. Mais le plus dur reste à venir, avec une rentrée qui s'annonce difficile. Quand le 11 mai, le conservateur David Cameron devenait à 43 ans le plus jeune Premier ministre britannique depuis deux siècles, les bookmakers prenaient les paris sur la mort imminente de cette alliance contre nature entre des tories de droite et des libéraux-démocrates de centre-gauche. David Cameron allait se retrouver pieds et poings liés et être contraint de mettre de l'eau dans son vin conservateur, prédisaient nombre d'observateurs. Pourtant, les cent premiers jours de la coalition, la première depuis la Seconde Guerre mondiale, ont été tout sauf timorés. Le Premier ministre s'est lancé dans une réforme «radicale» du pays, qui passe par une réduction dramatique de l'Etat afin de faire naître une «big society» (grande société): moins d'intervention dans l'éducation (avec la possibilité pour les parents de gérer des «écoles libres»); dans la santé publique (avec la dénationalisation du NHS, système britannique de santé); dans les libertés civiques (avec l'abolition du projet de carte identité). Avec la même audace, le gouvernement a imposé une cure d'austérité sans précédent depuis un demi-siècle, afin de résorber la quasi-totalité du déficit budgétaire (actuellement de 10,1% du produit intérieur brut). «David Cameron est allé plus loin que Margaret Thatcher», juge l'hebdomadaire New Statesman (gauche), en référence à l'ancien Premier ministre conservateur (1979-1990). Ce tour de vis budgétaire, 56% des Britanniques l'estiment nécessaire (contre 25% d'opinion contraire), selon un sondage Harris publié dans le Daily Mail de samedi. Mais l'opinion pourrait se retourner. «De nombreux électeurs se sentent mal à l'aise face aux réductions budgétaires. Il est maintenant impossible de croire qu'elles seront confinées aux services qui touchent les autres», analyse Peter Kellner, président de l'institut de sondage YouGov. «L'état de grâce est terminé», annonçait-il dès fin juillet. Selon le sondage Harris, 57% des personnes interrogées qualifient de «décevante» la performance du gouvernement. Mais, au jeu de la coalition, c'est le chef de file libéral, Nick Clegg, devenu vice-Premier ministre, qui semble avoir perdu le plus. Son parti s'effondre dans les intentions de vote (12% contre 23% lors des dernières législatives), selon la même enquête. Les faux-pas diplomatiques de David Cameron, quand il a par exemple accusé fin juillet le Pakistan d'exporter le terrorisme, n'ont fait qu'égratigner son image policée. A l'inverse, Nick Clegg continue d'être caricaturé comme le caniche de Cameron. Reste à savoir combien de temps durera l'histoire d'amour du couple Clegg/Cameron qui a fait naître des comparaisons avec le film «Brokeback Mountain», sur l'histoire de deux cow-boys homosexuels. Les syndicats ont annoncé un «automne de la colère» et des protestations pour le 20 octobre, quand sera annoncé un nouveau tour de vis budgétaire. «Réduire les dépenses publiques a déjà provoqué des décisions controversées (...) Nous sommes à la veille d'en avoir beaucoup plus», avertit Nick Clegg dans l'Observer d'hier. Le mécontentement, jusqu'alors sourd, pourrait éclater si l'austérité conduit à une nouvelle récession. «Le danger le plus grand, c'est que le resserrement budgétaire étouffe la reprise», a écrit l'Economist dans un éditorial. Parti se reposer en Cornouailles (ouest), David Cameron «devrait profiter de ses vacances car son retour pourrait être difficile», écrit le Daily Mail (droite) de samedi.