Encore une fois la région de Boukadir, vient d'être meurtrie par un énième acte terroriste. L'année 2003 semble débuter, pour les populations des hameaux de Chlef, trop pauvres et toujours isolées, telle 2002 s'est terminée. Encore une fois la région de Boukadir, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Chlef, vient d'être meurtrie par un énième acte terroriste. La récurrence de ces actes barbares autour de celle localité, depuis plus d'une année, voire la fixation du groupe du sinistre Ouled Laben, vraisemblablement auteur de ce carnage, dans les hameaux de sa région natale, reste, à plus d'un titre, fortement inquiétante. Et pour cause! En une année (2002) 63 personnes ont été assassinées, quatre femmes enlevées et plus de 25 autres blessées rien qu'autour de Boukadir. Le premier carnage est signé par Ouled Laben, au mois de mai, à Sobha, où quatre personnes ont été égorgées, deux autres blessées et une femme enlevée sept personnes égorgées à Ouled Allel en juillet; dix autres personnes à Sobha (juillet); quatre morts et deux femmes enlevées à Ouled Abdellah en septembr. Treize écoliers, d'une zaouïa coranique à Ouled Abdellah au mois d'octobre puis, le même mois, vingt et une personnes à Douar El Kh'maïss, avant que cette triste année, 2002, se solde, par une explosion d'une bombe artisanale dans un marché de Boukadir, au mois de décembre, qui a fait quatre morts et plus de vingt blessés. Par ailleurs, si entre 1994 et 2000, la région de Oued Romane, au nord-ouest du chef-lieu de la wilaya de Chlef, a été, plus particulièrement, le théâtre sanglant où se sont concentrées les activités terroristes, c'est, actuellement, la région de Boukadir qui subit, à son tour, les affres de ces groupes. Le fait qu'un chef terroriste, donné pour être l'émir de ce groupe, Ouled Laben en l'occurrence, soit originaire de la région, à savoir Sobha, au même titre que ses deux lieutenants (l'un de Boukadir et le second de Chettia) serait-il un fait, à lui seul, explicatif? Pas entièrement, même si, pour un terroriste, évoluer dans une région qu'il connaît à la fois bien et où, éventuellement, il y bénéficie «d'inévitables» réseaux de soutien constituent, pour sa horde, un atout majeur. Néanmoins, ceci reste loin d'être entièrement explicatif. En effet, la localisation des actes terroristes, attribués à Ouled Laben, autour de cette plaine pourtant dégarnie et suffisamment sécurisée, du moins théoriquement, peut, vraisemblablement, s'expliquer par un changement dans les modalités de redéploiement géographique de ce groupe. Située dans un lieu d'interconnexion entre les maquis de Oued Romane (Chlef) au nord, de Remka (Relizane) au sud-ouest, l'Ouarsenis (Tissemsilt) au sud-est, la plaine de Boukadir offre, de ce fait, un lieu «idéal» pour commettre des crimes avant de pouvoir, par la suite, s'éclipser vers un maquis ou vers un autre. Pour rappel, ce groupe s'est reconstitué à la suite de la déconfiture de katiba En-Nasr, du GIA de Zouabri, qui évoluait, jusqu'en 2000, dans le maquis de Oued-Romane, après une mise à l'étau, durant des mois, des forces combinées de cette katiba et autres conflits internes sanglants qui se sont soldés par plusieurs liquidations physiques dont Seddiki, émir de la katiba originaire de Birkhadem (Alger) envoyé par Zouabri, a fait les frais. L'inquiétude pour la population locale serait de savoir évidemment, combien de morts il faudrait encore pour qu'une opération de sécurisation d'envergure soit mise en branle par les forces de l'ordre à l'image, au moins, de celle qui a eu lieu, en 2000, autour des maquis de Oued Romane. Les connivences, inquiétantes, entre le groupe de Ouled Laben et certaines personnes locales, «insoupçonnables», dont le réseau a été, vers la fin de l'année écoulée, démantelé par les services de sécurité compliqueront, incontestablement, la mise hors d'état de nuire totale du groupe de Ouled Laben et les réseaux de soutien ayant, éventuellement, échappé, pour l'heure, au filet de la police judiciaire. Seulement, cet effort reste non seulement souhaitable, mais indispensable afin d'épargner d'autres pauvres paysans que l'indigence la plus insoutenable a déjà suffisamment laminés.