Au menu de ce mini-festival, 4 œuvres majeures restituant l'effervescence de cette période unique, dont l'historique Festival panafricain d'Alger réalisé par William Klein. À ne pas manquer. Soixante-huit se conjugue au pluriel pour ses quarante ans. Poursuivie jeudi par une conférence au CCF d'Alger, animée par Geneviève Dreyfus Armand et Jean- Philippe Legois, la commémoration des années 68 se poursuit au cinéma cette semaine, à la filmathèque Mohamed-Zinet de l'Oref. À l'affiche, 4 films importants sur la période, 2 documentaires, un film expérimental et une fiction. 68, du célèbre documentariste français Patrick Rotman – à qui l'on doit l'immense série l'Ennemi intime, à ne pas confondre avec le film du même nom – ouvrira le bal aujourd'hui, à 18h. Cette fresque réalisée à partir d'images d'archives “souvent inédites”, mais sans aucune interview ni témoignage, balade le spectateur des rues de Paris à celles de Prague, en passant par Saigon, Washington, ou Mexico. Des images de marches se mêlent à celles des combats (au Vietnam), des scènes de concert succèdent à des marches funèbres, le tout au rythme d'une bande son scandée par les héros du rock'n'roll et de la folk : Jimi Hendrix, Joan Baez et Janis Joplin et sa Mercedes Benz. Le second film (lundi à 15h), lui, nous renvoie à notre histoire mais aussi à l'été prochain. La commémoration s'arrête en effet à Alger, pour un moment mythique, le Panaf d'Alger, ou plutôt le Festival panafricain d'Alger de juillet 1969. On pourra y revoir Myriam Makeba – décédée en Italie le mois dernier – et Mohamed Lamari entonner en chœur Ifriqyia, mais pas seulement. L'Oncic, à l'époque, avait confié à William Klein, autre auteur-phare des années 1960 (Qui êtes-vous Polly Maggoo ?, Loin du Vietnam, Mohammed Ali The Greatest, Eldridge Cleaver, les Black Panthers…) le soin de coordonner les nombreuses prises de vues tournées et les entretiens avec les différents mouvements de libération mais aussi artistes présents à Alger pour le Panaf. La sixième face du Pentagone (mardi à 16h) nous emmène dans l'œuvre du sorcier Chris Marker, figure unique du cinéma expérimental et qui influença des générations de cinéastes avec des films comme La Jetée (1962) – qui inspira L'Armée des douze singes de Terry Gilliam. Dans ce court métrage, Marker transforme les images d'une marche pacifiste à Washington, en octobre 1967, en film global “qui interroge le melting-pot américain et l'engagement politique de sa jeunesse.” Enfin, Jacques Doillon, Alain Resnais, Jean Rouch et Gébé se mettent en quatre pour adapter l'An 1, une BD de ce dernier, qui retrace l'atmosphère révolutionnaire des années 68. Cette fable qui démarre d'un mot d'ordre simple “On arrête tout”, et où le peuple décide, “dans le consensus général de prendre le temps de vivre et de repenser la société”, renvoie avec bonne humeur la société occidentale face à ses impasses, mais n'oublie pas d'égratigner la fausse ingénuité des “y a qu'à” qui pullulaient dans le sillage de Mai. R. A. 68 au cinéma, du 13 au 16 décembre, filmathèque Mohamed-Zinet (Oref). Les projections seront suivies de débat. Entrée : 100 DA.