La grève d'une semaine lancée par des syndicats autonomes du secteur de l'éducation a été largement suivie hier, dans son premier jour, par les enseignants des wilayas du centre du pays. Ainsi, dans la wilaya de Tizi Ouzou, les élèves qui se sont rendus à l'école ont été renvoyés pour la plupart. Selon des représentants de l'Unpef (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation), le taux de suivi a été particulièrement satisfaisant puisqu'il dépasse les 80% à l'échelle de la wilaya. “Notre grève a eu un écho favorable”, estime-t-on du côté des initiateurs de la grève. Même constat chez les autres syndicats grévistes. Le Cnapest (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique), autre syndicat ayant appelé au débrayage, affiche des motifs de satisfaction du fait que son appel a été massivement suivi par les enseignants. Hier donc, premier jour de grève, les établissements scolaires de Tizi Ouzou, comme nous avons eu à le constater de visu, ont été paralysés par le mouvement de grève des autonomes. Le mot d'ordre de grève n'a pas été uniquement suivi dans la ville des Genêts. Dans les autres localités, selon les échos qui nous sont parvenus, la grève a été également bien suivie. C'est le cas, par exemple, de Béni Douala, Larbâa Nath Irathen, Boghni, Tigzirt, Azazga, Aïn El-Hammam, etc. Le débrayage a touché aussi bien les lycées et les collèges que les écoles primaires. Les grévistes remettent sur la table leurs éternelles revendications qui ne semblent pas trouver d'oreille attentive auprès des pouvoirs publics. “Nous n'avons jamais refusé le dialogue, bien au contraire”, affirme un syndicaliste du Cnapest, qui parle de mépris de la tutelle devant les doléances du corps enseignant, c'est ce qui a attisé visiblement la contestation appelée à se généraliser. Et pour cause, d'autres syndicats autonomes vont se joindre aujourd'hui au mot d'ordre de grève. Il s'agit du Satef (Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation) et du Snapap (Syndicat national des personnels de l'administration publique). Les syndicats sont décidés à maintenir la pression sur le département de Benbouzid pour faire aboutir leurs revendications, dont la question du statut particulier et du régime indemnitaire. Mais pas seulement : la libération des œuvres sociales de l'emprise de l'UGTA reste un motif de lutte pour les syndicats autonomes. À ce propos, l'Unpef exige l'abrogation de la décision ministérielle 94-154 que d'aucuns jugent “anticonstitutionnelle”. Dans la wilaya de Béjaïa, il ressort que la plupart des lycées et à un degré moindre, les CEM, ont été paralysés par ce mouvement. Selon le coordinateur du Cnapest de Béjaïa, M. S. Zenati, “47 lycées sur les 50 que compte la wilaya sont entrés, hier, en grève et ce, avec un taux de suivi de 80 %”. Néanmoins, si du côté des lycées de la wilaya de Béjaïa, le mot d'ordre de grève a été largement appliqué, il n'en est pas de même dans les autres paliers où un très faible suivi a été enregistré durant ce premier jour de protestation. À Djelfa, le taux de suivi de la grève était de l'ordre de 80% dans les établissements secondaires et 60% dans les CEM au niveau du chef-lieu de la wilaya et des grandes agglomérations, Hassi-Bahbah, Aïn Ousséra. Cependant, aucun arrêt de travail n'a été observé dans le primaire. Pour les principaux acteurs approchés, ce taux est une réussite en soi, étant donné l'absence presque totale de culture syndicale dans les régions de l'intérieur qui reste une chasse gardée de l'UGTA.