Le prix littéraire Mohamed Dib, du nom de l'un des plus grands écrivains maghrébins d'expression française, auteur de la trilogie La Grande Maison , L'incendie, Le métier à tisser, sera décerné en 2010 à Tlemcen. Il s'agit là de la quatrième édition de ce prestigieux prix déjà décerné à trois écrivains : Habib Ayoub, Ali Bouacida et Kamel Daoud. Il y a à la clef un chèque d'un million de dinars offert, comme chaque année, par la société nationale Sonatrach, sponsor major du prix. Sabéha Benmansour, présidente de la fondation Mohamed-Dib, créée en 2001, souligne que “les efforts conjugués d'un groupe d'universitaires, écrivains, journalistes et intellectuels, et ceux des autorités de la ville ont permis, après plusieurs mois de travail, la mise en place d'une structure dont la préoccupation première sera d'œuvrer dans un esprit de recherche scientifique et qui, à cet effet, est dorénavant ouverte à tous ceux désireux apporter leur contribution”. Et d'ajouter : “La Grande Maison, c'est bien sûr un clin d'œil à l'un des premiers romans qui a consacré Dib dans l'opinion publique. Mais c'est aussi et surtout la symbolique qui a été choisie pour tenter de rejoindre, dans la diversité comme dans l'uniformité où il vient jusqu'à nous, le déroulement d'un demi-siècle d'écriture. Pierre angulaire de tous les travaux à venir, l'œuvre magistrale de Dib par la densité et la diversité qui sont les siennes s'ouvre sur tous les domaines de réflexion à même de désigner le signe maghrébin et les conditions de possibilités de son inscription dans l'épistémè contemporaine. A ce titre, la fondation propose dans son programme la création de diverses cellules de recherche. S'ajouteront par ailleurs à celles-ci des espaces essentiellement ouverts aux jeunes, tels qu'ateliers d'écriture, de théâtre et de peinture”. À ce jour, une quinzaine de manuscrits ont été réceptionnés par la fondation (la clôture est intervenue le 15 novembre) et il est envisagé, pour la première fois, la remise de prix d'encouragement aux jeunes auteurs par un jury national et international. Avant sa disparition le 2 mai 2003 en France où il était établi depuis plusieurs années, Mohamed Dib, répondant à la proposition d'instituer une fondation portant son nom a écrit : “Je suis encore plus fier de ma ville de Tlemcen qu'elle n'est fière de moi et lui souhaite de sauvegarder intacte la réputation qui fait sa fierté.”Louis Aragon disait de Mohamed Dib: “ C'est l'écrivain de la précision dans les termes, de la retenue et de la réflexion. L'air qu'il fait entendre sur son clavecin est une musique intérieure qui parle au cœur. Ecrivant en français, sans complexe et assumant sa double culture, l'auteur ne se livre pas purement et simplement au lecteur. Sa création littéraire demande souvent plusieurs lectures pour pénétrer jusqu'au sens.”