Selon le premier responsable de la Centrale : “Il n'est pas question de réformes synonymes de licenciements massifs de travailleurs.” La stratégie économique et sociale en direction des Entreprises publiques économiques (EPE) a été l'un des dossiers épineux et houleux de cette bipartite. Ce point a accaparé la majeure partie du temps imparti à ces négociations bilatérales gouvernement-UGTA. Pas moins de dix points ont été abordés, lors de l'examen de cette question entre les deux parties. La situation du secteur énergétique, exposée par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a été notamment longuement débattue par les deux parties. Ce débat serré entre le gouvernement et la centrale syndicale est dicté par l'importance de cette question pour l'économie nationale. Elle est étroitement liée aux réformes économiques qui sont en panne depuis une dizaine d'années. Pour le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, “quand nous parlons de réformes, nous ne faisons pas allusion aux réformes qui appauvrissent les pauvres, enrichissent les riches et laminent les couches moyennes de la société”. Plus explicite, il dira : “Il n'est pas question de réformes synonymes de licenciements massifs de travailleurs et orientées vers les seules entreprises publiques, qui, malgré leurs multiples difficultés, ont pu survivre.” De même, Sidi saïd plaidera en faveur “de réformes positives qui permettent de renouer avec la croissance, le développement significatif de l'emploi, la promotion de l'investissement et une distribution plus large et équitable des richesses”. Autrement dit, des réformes génératrices de progrès économique et de promotion sociale, précisera-t-il. La centrale syndicale a proposé une refonte du rôle de l'Etat en tant qu'actionnaire des entreprises publiques économiques, en l'orientant, essentiellement, vers “la définition des stratégies d'entreprises, le renforcement de l'autonomie de gestion et l'élimination des interférences administratives et bureaucratiques qui sont la source de confusion, de déresponsabilisation, d'inefficacité et de gaspillage”. L'Etat est interpellé en tant que puissance publique et actionnaire des EPE pour engager “des réformes globales, transparentes, concertées, inscrites dans la durée et assurant la mobilisation de toutes les compétences nationales”. L'UGTA a identifié les principales contraintes qui entravent l'essor du secteur public économique, dont l'absence d'une stratégie de redressement et de développement des EPE, les difficultés financières et le gel des investissements. Elle a proposé, lors de la rencontre bipartite, l'élaboration d'une stratégie nationale de développement économique et social ainsi qu'une politique industrielle qui identifiera les filières dont lesquelles l'Algérie dispose d'avantages comparatifs. Elle a revendiqué l'effacement des dettes des EPE, la reclassification des sous-positions tarifaires de certains produits et la mise en œuvre de mesures non tarifaires. La centrale syndicale n'a pas précisé la nature de ces mesures ni les contours de la stratégie économique et sociale. Cette stratégie sera élaborée ultérieurement par les deux parties et fera l'objet d'un large débat entre les différents acteurs de la scène économique nationale. Un groupe de travail mixte UGTA-gouvernement sera installé, indique-t-on, dans les prochains jours, en vue d'élaborer une stratégie complémentaire envers le secteur public. Evoquant le rôle de l'Etat en tant qu'actionnaire des EPE dans la conduite des réformes, Sidi Saïd dira : “Nous attendons qu'il nous garantisse les conditions d'efficacité, la clarification des pouvoirs et des responsabilités des intervenants dans le processus décisionnel, l'organisation des contrôles nécessaires et la réhabilitation des organes sociaux de l'entreprise, dans un cadre rénové.” C'est-à-dire renforcer l'action de l'Etat dans le contrôle et la régulation de l'activité économique. Or, une telle entreprise ne pourra être envisagée dans un pays où l'économie demeure prisonnière des interférences politiques et bureaucratiques. F. M. Loi de finances 2004 Les propositions de Ouyahia En attendant la mise en œuvre de la stratégie de développement économique et social, proposée par l'UGTA, lors de la bipartite, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, compte prendre une série de mesures dans le cadre de la loi de finances 2004. Il s'agit, essentiellement, de l'octroi d'un avantage de 15% à l'outil national dans le cadre des marchés publics, le recours à des mesures d'allégement des contraintes financières pour les entreprises publiques disposant de plans de charge évidents et l'instauration d'un dispositif financier de mise à niveau des entreprises nationales. Un fonds budgétaire sera instauré, note-t-il, pour faire face à ces contraintes financières. Comme il a proposé la responsabilisation des SGP (société de gestion des participations) et des EPE dans le cadre de l'autonomie des entreprises et l'accès aux avantages accordés par le code des investissements pour les entreprises publiques et privées en procédant à des extensions d'activité. F. M.