Au moment où le Premier ministre et le ministre des affaires étrangères préparent subtilement l'opinion nationale à un changement à la magistrature suprême lors de la prochaine présidentielle, le patron du FLN affirme que cette échéance électorale n'est pas à l'ordre du jour au sommet de l'Etat. Au fil de leur passage à l'émission hebdomadaire de A3, “les débats de l'heure”, des personnalités nationales précisent leurs positions vis-à-vis des réformes politiques “envisagées par le président de la République”, mais pas encore entreprises. À ce titre, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et dernier invité de Thuriya Zerfaoui, a, d'emblée, affirmé que la révision constitutionnelle est incontournable, ne serait-ce que pour redéfinir clairement la nature du régime. “Le système constitutionnel en vigueur est hybride, car il n'est ni présidentiel ni parlementaire.” Il a estimé nécessaire de “sortir de cette confusion et instaurer un système qui consacre la transparence, le contrôle et la participation la plus large”. Comme son collègue du RND, Ahmed Ouyahia, le numéro 1 du FLN, a plaidé pour l'option du régime présidentiel, même s'il a avoué que “dans son intime conviction, le régime parlementaire est le meilleur système politique”. Abdelaziz Belkhadem a soutenu, ensuite, qu'une série de réformes politiques doit être impérativement engagée. Elle concernera principalement l'arsenal juridique, c'est-à-dire la révision de la loi électorale, celle relative aux associations et le code de l'information. Dans la foulée, il a concédé que le champ audiovisuel ne saurait être fermé indéfiniment à l'investissement privé. “L'Algérie y parviendrait tôt ou tard, mais il vaut mieux plus tard que tôt.” Il a expliqué son assertion par le fait que “la relation dialectique existant entre le pouvoir, les lobbies, l'argent et l'information est susceptible d'entraîner le pays dans des méandres dont il peut se passer”. Interpellé par un représentant de la presse nationale sur les changements politiques que certains acteurs souhaitent opérer dans le pays, le patron du plus vieux parti a répondu qu'il soutenait, pour sa part, “des réformes politiques sous la direction du chef de l'Etat à l'intérieur des institutions”. Il a exprimé alors son rejet de la dissolution du Parlement, telle que revendiquée par quelques formations politiques dont le Parti des travailleurs. “Nous sommes contre la dissolution de l'APN car nous y représentons la majorité du peuple.” Pour l'hôte de la Télévision algérienne, rien, dans la conjoncture actuelle, ne justifie une démarche pareille. Il a cité trois cas qui induiraient automatiquement des élections législatives anticipées : si une crise politique naît d'un conflit entre les pouvoirs exécutif et législatif, si le parti majoritaire réclame des élections anticipées, ou si le paysage politique est marqué par l'émergence de nouvelles formations qui doivent être représentées dans les institutions. “Aucun des exemples que j'ai énumérés n'existent, pour l'heure, dans notre pays”, a assuré M. Belkhadem. Lui aussi a estimé que l'Algérie ne souffrait pas d'une crise politique. Il n'a pas exclu, néanmoins, que la contestation de rue, qui ne cesse d'enfler, finisse par induire “des retombées politiques”. D'où l'urgence, de son point de vue, de prendre en considération “ces revendications, ne serait-ce que par le débat dans certains cas, car tant que ces mouvements restent dans le cadre pacifique, il est possible de traiter les revendications qu'ils véhiculent”. Le secrétaire général du FLN a qualifié le débat sur l'élection présidentielle de 2014 de “prématuré”. Il a rappelé alors que “le président Bouteflika a encore trois ans à accomplir de son mandat. Je sais qu'il y a une certaine fièvre autour de la présidentielle”. Jouant la carte de la démocratie, il a affirmé que toute personne répondant aux critères énoncés par la loi a le droit de postuler à la magistrature suprême. Evoquant les fissures qui fragilisent de plus en plus l'Alliance présidentielle, Abdelaziz Belkhadem a précisé que les trois partis politiques sont unis uniquement autour de la mise en œuvre du programme du chef de l'Etat. Sur les turbulences qui secouent son propre parti, il a certifié qu'il s'agissait “d'un signe de bonne santé et une preuve de pratique démocratique dans un parti dont les militants ont exprimé leur volonté d'y travailler”.