Mardi 14 octobre, minuit. Toutes les locomotives seront immobilisées dans les gares. Aucun départ, transport de marchandises ou de voyageurs ne sera assuré. La cause : les cheminots ont décidé d'observer une grève illimitée. Le syndicat d'entreprise de la SNTF vient de passer à la vitesse supérieure dans sa démarche syndicale. Le secrétaire général du syndicat, M. Smaâli, a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse que le mouvement de débrayage est la résultante directe de la non-prise en charge des revendications socioprofessionnelles des travailleurs par la direction générale de la SNTF. Jusque-là, le bureau du syndicat a opté, a-t-il rappelé, pour la politique de dialogue et de discussions avec les responsables de l'entreprise, avant de choisir la voie de protestation pour faire entendre leurs doléances. En effet, la dernière réunion entre les deux parties en question remonte à dimanche dernier après l'intervention du ministre des Transports, la veille, samedi, lorsque le premier responsable du secteur avait demandé aux syndicalistes de reprendre les négociations avec la direction générale. Cependant, les cadres dirigeants de l'entreprise n'ont pas accédé, avertit-il, à l'ensemble des revendications des cheminots. “Les propositions de la DG sont insuffisantes et insignifiantes”, a lancé avec regret le secrétaire général devant les journalistes. “Tous les points inscrits dans la plate-forme de revendications n'ont pas été satisfaits par la DG et sont restés en litige”, dit-il encore. Selon le procès-verbal de la réunion de dimanche dernier, le représentant de la SNTF a proposé, au titre de la révision des salaires, une augmentation de 400 DA, alors que le syndicat a exigé une majoration de 2 500 DA sur le salaire de base. L'allocation de femme au foyer est de 700 DA et les travailleurs ont demandé 1 000 DA. L'indemnité de transport proposée par la DG est 750 DA, le syndicat réclame 1 000 DA. La prime de panier suggérée par les responsables de la SNTF est 100 DA, les cheminots exigent, en revanche, 200 DA. En fait, les propositions du syndicat, l'indemnité de déplacement, la gratification de fin de carrière, la prime d'astreinte et autres n'ont pas été acceptées par les responsables de la Société nationale du transport ferroviaire. Après quoi, les travailleurs ont voté, à l'unanimité, l'option de grève illimitée jusqu'à l'aboutissement de leurs doléances. En un mot, 96,05% ont choisi le débrayage pour faire entendre leur cause. À travers ce mouvement de protestation, les cheminots insistent pour que les pouvoirs publics se penchent sérieusement sur les difficultés auxquelles ils se heurtent quotidiennement et ce, depuis des années. En effet, la conférence d'hier a été saisie par les cadres syndicaux pour revenir sur la situation de l'entreprise et ses dix filiales qui, disent-ils, ont un statut juridique non conforme à la loi. Pis, la moitié du parc roulant, soit 260 voitures de voyageurs, se trouve dans un état détérioré, regrettent-ils. Pour revenir à la question du service minimum durant le mouvement de débrayage, le secrétaire général du syndicat affirme que rien ne sera assuré durant la grève, toutes les locomotives seront à l'arrêt, tout en laissant la porte ouverte à d'éventuelles négociations avec la DG sur cette question. Le litige réside, en fait, sur le nombre de circulations qui seront assurées pendant la grève. Le syndicat est prêt à assurer une seule circulation par ligne ferroviaire, à titre de service minimum. C'est dire que la balle est dans le camp de la direction générale. R. H.