Une autre note vient s'ajouter à la partition en faveur d'un système sur le modèle turc : après le président de la commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme (CNCPPDH), c'est au tour de Me Miloud Brahimi de plaider un rôle pour l'Armée nationale populaire (ANP) dans la protection de la démocratie. “J'ai mis l'accent sur la réforme de la Constitution, mère des réformes d'où découle tout le reste. J'ai dit que l'instauration et la consécration de la démocratie s'appuie sur deux piliers fondamentaux : la souveraineté, bien entendu, et un socle de droit. J'ai dit que ce socle doit être mis à l'abri des aléas électoraux. Dès lors, à mon sens, la seule protection, c'est l'ANP qui peut la donner à la façon dont elle agit en Turquie”, a affirmé hier Me Brahimi, interrogé par Liberté, par téléphone, à l'issue de sa rencontre avec l'instance de consultations. Selon l'avocat, la Turquie est l'un des rares pays musulmans démocratique. Dès lors son expérience peut inspirer nos dirigeants. Histoire, sans doute, de lever les équivoques et d'éviter les amalgames, Me Brahimi a insisté sur le fait que “l'armée doit se retirer de la politique, qu'elle doit se consacrer à ses missions de défense et qu'elle puisse protéger la démocratie”. “Mais il ne faut pas donner à l'armée la compétence de sa compétence”, insiste-t-il encore en préconisant l'institution d'une structure indépendante qu'“elle seule pourra appeler l'armée à intervenir en cas de danger sur la démocratie”. Jeudi dernier, Me Farouk Ksentini a proposé de déclarer l'ANP “gardienne” de la Constitution, dont le garant restera toujours le président de la République. Invité de la radio chaîne III, Me Ksentini s'est prononcé en faveur d'une “réforme” et d'une “amélioration” de l'article 70 de la Constitution qui énonce que le président de la République est le garant de la Constitution. “Je voudrais ajouter à ce texte (article 70) que l'Armée nationale populaire soit déclarée la gardienne de la Constitution”, a-t-il affirmé, évoquant, à cet égard, le modèle turc où l'armée, a-t-il dit, “a joué un rôle extrêmement important dans la démocratisation de ce pays”. Autres sujets sur lesquels Me Brahimi a mis l'accent devant l'instance de consultation présidée par Abdelkader Bensalah : la justice. Pour lui, celle-ci “est mal en point” et a insisté sur la nécessité de protéger les justiciables à travers, notamment, la création d'une structure d'écoute. Me Brahimi a également plaidé le droit des femmes, le droit à l'information à travers, notamment, l'ouverture de l'audiovisuel, l'abolition de la peine de mort et l'introduction dans le code pénal du crime contre l'humanité. L'avocat n'a pas manqué enfin d'indiquer que les “échanges étaient francs et sincères”.