Une démarche sur la gestion active des réserves de changes est engagée par les autorités. C'est du moins ce qu'a laissé entendre, hier, le ministre des Finances sur les ondes de la radio. Même s'il n'a pas voulu répondre directement à la question concernant la gestion des réserves de changes par la Banque d'Algérie, le grand argentier du pays explique que la gestion des actifs repose sur deux principes que sont le rendement et le risque. “Plus vous prenez de risques, plus vous avez des rendements. Moins vous prenez de risques, moins vous avez des rendements”, a-t-il précisé. Le choix en matière de gestion et le placement des réserves de changes ont été de limiter le risque de perte en capital et bien évidemment d'avoir moins de rendement. Pour cela, l'investissement se fait dans des actifs de l'état et non pas dans des actifs privés, type fonds souverains. “Je laisse le soin à la Banque d'Algérie de dire quel est le niveau de rémunération de ces actifs”, a dit M. Djoudi, estimant que “les niveaux de rémunération devraient théoriquement être au-delà de 0%”. Pour lui, il ne peut pas y avoir de rendement négatif sur ces actifs. Interrogé sur la possibilité de création de fonds souverain, le ministre des Finances a parlé “d'une démarche initiée, en matière de création de fonds avec des partenaires pour pouvoir réfléchir à l'avenir à une gestion plus active des réserves de changes”. “Nous sommes dans cette démarche”, a-t-il annoncé. Pour le moment, constate le grand argentier du pays, la conjoncture internationale étant marquée par une “grande incertitude” sur les actifs financiers (obligations, actions ou produits dérivés) et sur les actifs physiques, “je pense que la prudence voudrait que nous soyons plus dans des actifs sécurisés, type actifs d'état. C'est ce que fait aujourd'hui l'Algérie”, a souligné M. Djoudi. Le ministre a défendu la gestion peu transparente des avoirs algériens à l'étranger, estimant que la Banque d'Algérie, gestionnaire des réserves de changes, “n'a pas particulièrement à donner plus d'éléments sur le fait. En fin de compte, elle a une logique de sécurisation des actifs”. Concernant le billet de 2 000 dinars qui, semble-t-il, n'est pas reconnu par les compteuses de billets et les distributeurs automatiques de billets, tout en indiquant être “gêné” pour répondre aux questions sur la Banque d'Algérie, le ministre croit “comprendre” que la Banque d'Algérie a émis un billet, c'est ce qu'il a lu dans la presse. “Il faut le faire confirmer par la Banque d'Algérie qui est l'autorité en charge de la production et de la mise en circulation de ces billets. Ce que j'ai compris, c'est que le paramétrage des instruments de contrôle de faux billets et de distributeurs de billets n'était pas effectif”, estime le grand argentier du pays. Interrogé si les mesures décidées sont adaptées pour relancer la machine de production nationale, le ministre des Finances répond que son sentiment est qu'“il ne s'agit pas de relancer, mais de conforter la croissance de l'outil de production nationale”, indiquant qu'entre 1999 et 2010, il y a eu une inversion de la structure de la production nationale. En 1999, les hydrocarbures représentaient 70% du produit intérieur brut (PIB). Aujourd'hui, 70% de la richesse sont créés par la production hors hydrocarbures. Le ministre indique que le dispositif intervient dans un contexte de forte croissance économique hors hydrocarbures de plus de 6%, ces dernières années, une baisse du taux de chômage qui est à 10%, une croissance des crédits à l'économie de l'ordre de 16%, qui va être confortée par les nouveaux instruments de financement mis en place et qui commencent à donner des résultats pertinents, citant entre autres, le capital investissement et les sociétés de leasing… “Je pense que nous sommes plutôt dans une logique de confortement d'un processus de croissance économique”, estime le grand argentier du pays. évoquant les subventions des prix des produits de large consommation, le ministre indique que sur le blé tendre, le blé dur et le lait en poudre, la loi de finances complémentaire a prévu 277 milliards de dinars. “Nous avons augmenté de près de 170 milliards l'enveloppe”, a souligné le ministre, justifiant cette augmentation par le fait que les prix sur le marché international sont en train de s'emballer, une situation “qui va durer dans le temps”, mais aussi par la nécessité de constituer un stock de sécurité. Karim Djoudi soutient que “le déficit budgétaire effectif devrait se situer autour de 10% du PIB avec une couverture qui devrait se faire sans recourir au Fonds de régulation des recettes”. Le ministre parle de confortement du Fonds de régulation des recettes en 2010, puisqu'il est passé de 4 300 milliards de dinars à 4 800 milliards de dinars, soit environ 40% du PIB en termes d'épargne publique. Pour 2011, compte tenu de l'évolution des prix du pétrole, compte tenu du prix de référence retenu dans la LFC 2011, compte tenu de l'évolution de la fiscalité non pétrolière qui enregistre une croissance moyenne de l'ordre de 20% par an, avec “la capacité d'absorption qui est la nôtre”, la couverture du déficit budgétaire réel pourrait se faire sans recours au Fonds de régulation. Sur le crédit à la consommation, Karim Djoudi indique qu'il doit s'accompagner de deux éléments forts. “Le premier : le crédit à la consommation ne doit pas mettre les ménages dans une situation de surendettement et de graves difficultés. D'où la nécessité à ce que la centrale des risques des ménages, actuellement en cours de constitution au niveau de la Banque d'Algérie, soit effective pour pouvoir suivre l'endettement et protéger les ménages du surendettement. Le deuxième : le crédit à la consommation doit avoir un effet, un intérêt et un apport économique. Pour cela, il doit bénéficier à la production nationale, seule où en partenariat”, explique le grand argentier du pays. Le ministre rappelle qu'antérieurement à son interdiction, “le crédit à la consommation s'orientait à 90% sur le crédit véhicule qui n'était pas produit en Algérie”. “Entre-temps, nous avons introduit des taxes sur les véhicules, nous avons interdit le crédit à la consommation et nous avons vu, dans un marché porteur, des intérêts de constructeurs automobiles s'installer sur le marché algérien”, a-t-il ajouté, jugeant utile “le crédit à la consommation pour la production nationale”.