“Notre problème principal ce sont les dépenses de fonctionnement, car ces dépenses demeurent tout au long de l'année, contrairement aux dépenses d'équipement qui, elles, peuvent diminuer.” C'est ainsi qu'a averti, hier, le ministre des Finances, Karim Djoudi, sur la croissance grandissante des dépenses de fonctionnement en marge de sa présentation du projet de loi de finances 2012 au Conseil de la nation. “C'est un problème fondamental”, a-t-il souligné. Le ministre des Finances, qui avait eu à s'exprimer sur la question à l'Assemblée populaire nationale, expliquait alors que l'Algérie disposait d'éléments de solvabilité extérieurs et intérieurs mais devrait faire attention à ses dépenses de fonctionnement qui ont sensiblement augmenté ces dernières années. “L'enjeu en matière de gestion est de stabiliser la croissance de ces dépenses de fonctionnement et essayer graduellement de les réguler”, préconise-t-il. Selon lui, “tant que l'économie algérienne ne se sera pas structurellement transformée en termes de structure de revenus externes et internes, le risque persistera et ce risque est dû à l'absence d'alternatives fortes en matière de substitution aux hydrocarbures qui deviennent de plus en plus un bien rare, et peuvent connaître, à tout moment, un emballement sur les marchés internationaux, ce qui affectera la croissance mondiale et notre économie aussi”. Et au ministre de préciser que “c'est pour cette raison que nous avons basé notre budget sur un prix de 37 dollars le baril et que nous avons créé le Fonds de régulation des recettes”. Questionné à propos de la répercussion de la crise dans la zone euro sur l'Algérie, le ministre des Finances a répondu que le problème résiderait dans une diminution de la demande mondiale en matière d'hydrocarbures. “La diminution de la demande induira une diminution des prix du pétrole”, avertit M. Djoudi. La loi de finances 2012 propose une série de mesures socioéconomiques visant à développer l'entreprise et l'investissement, notamment à travers l'allégement de la fiscalité au profit des PME. Le budget de l'Etat pour 2012 est basé sur un baril de pétrole à 37 dollars pour le prix de référence fiscale et à 90 dollars pour le prix du marché, un taux de change de 74 DA pour un dollar, une croissance de 4,7% et une inflation de 4%. Il prévoit, sans l'introduction de taxes substantielles, des dépenses de 7 428 milliards de dinars et des recettes de 3 455,6 milliards de dinars, soit un déficit budgétaire représentant 25,4% du PIB, contre un déficit prévisionnel de 34% pour 2011. Les recettes de la fiscalité ordinaire prévues pour 2012 sont de 1 894 milliards de dinars alors que la fiscalité pétrolière prévue est de 1 561,6 milliards de dinars. Plus d'un sixième des dépenses, soit 1 300 milliards de dinars, est consacré aux dépenses sociales et à la solidarité nationale. NADIA MELLAL