Le patron de l'AADL est victime de… l'élection présidentielle d'avril 2004 ! “Il a été démis de son poste d'une manière inélégante”, affirme, écœuré, un cadre de l'habitat. Lazhar Bounafaâ était, hier, injoignable, pour expliquer les raisons de son limogeage. Mais il est clair que le motif n'a aucun rapport avec les résultats. Le terrain témoigne des performances du désormais ex-directeur général de l'AADL et de son équipe. 10 000 logements AADL seront livrés le mois prochain. Le pari a été tenu en dépit de tous les problèmes rencontrés : pénurie des matériaux de construction, Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), tremblement de terre… Lazhar Bounafaâ a su gérer la situation. En août 2001, l'AADL n'était qu'un projet sur papier. En août 2002, 55 000 logements étaient en chantier. Aujourd'hui, le rêve est devenu réalité. Le mois prochain, 10 000 logements seront livrés. 45 000 logements des deux programmes (2001 et 2002) devraient être également livrés en 2004. Les promesses ont, enfin, été tenues dans un pays où les marchands de rêves n'ont que trop occupé les postes de responsabilité. Des immeubles “flambant neuf”, affichant une totale disponibilité à accueillir les locataires, ont poussé comme des champignons. Les sites de Bab Ezzouar, El-Achour, Les Bananiers, Eucalyptus, Gué-de-Constantine et autres ont déjà fleuri. Certains projets sont quasiment achevés, comme c'est le cas du site d'El-Achour. Les résultats sont là, visibles, en plein cœur des sites, loin de toutes les rumeurs et autres “chinoiseries” promises par les plus sceptiques des observateurs. Les bénéficiaires de ce programme l'avaient eux-mêmes constaté. Pas plus loin que mercredi dernier, selon certaines sources de l'AADL, Bounafaâ s'affairait avec l'énergie que tout le monde lui connaît à préparer “convenablement l'événement”. “Je n'ai pas d'autre ambition que de participer au bonheur du citoyen algérien, de lui rendre l'espoir, en lui offrant la possibilité d'acquérir un logement”, avait tendance à dire aux journalistes Lazhar Bounafaâ. Dans les pays qui reconnaissent le mérite et sanctionnent l'incompétence, Bounafaâ se verrait promu. En Algérie, on fait le contraire. Après avoir été la cheville ouvrière du programme location-vente, Lazhar Bounafaâ est remplacé, sans aucun égard, à quelques semaines des remises des clés des logements AADL de la tranche 2001. Les observateurs soulignent le caractère politique de la mesure et s'interrogent sur son objectif. “C'est de l'ingratitude !”, affirme un cadre du ministère de l'Habitat. Aujourd'hui, on s'interroge sur le devenir de cette formule d'acquisition de logement. M. R.