Les Algériens ne savent pas ce qu'ils veulent. Ils exigent plus de sécurité et refusent l'autorité. Ils se sentent menacés par les chauffards, mais contestent le code de la route, tout en ignorant son contenu. Le sondage d'opinion réalisé par Okba Com Institut (OCI) au profit de Liberté en dit long. Des contradictions à la limite de l'insolite et qui démontrent que les conducteurs n'en font qu'à leur tête. D'emblée, ce sondage d'opinion révèle une information capitale : 75% des Algériens n'ont pas changé leur comportement au volant depuis l'entrée en vigueur de la loi de 2009, relative à la sécurité routière. Ce taux regroupe deux catégories : celle qui n'a pas du tout changé (24%) et celle qui a peu changé (51%). Le tout face à un taux insignifiant de 26% de conducteurs qui ont adopté de nouveaux comportements au volant. Pourtant, 69% des personnes sondées estiment que l'actuel code de la route est sévère (46%) ou encore très sévère (23%), contre seulement 23% des conducteurs qui jugent que cette loi n'est pas assez sévère, tant décriée et/ou soutenue par ces mêmes Algériens qui ignorent, par ailleurs, (54%) les sanctions encourues en cas d'infraction. La route, qualifiée de tombeau à ciel ouvert, mais qui ne constitue que rarement un facteur majeur des sinistres qui surviennent, seulement 50% des automobilistes avouent avoir respecté la vitesse limitée à 80 et à 120 km/h, alors que 40% de conducteurs seulement respectent la signalisation routière, contre 9% de réfractaires qui semblent assumer leur désolante position. Alors que les services de sécurité avancent un taux, pour l'année 2011, de 300 000 retraits de permis de conduire, ce sondage montre également que 80% des personnes interrogées n'ont jamais été sanctionnées ! Le reste, c'est-à-dire les 20% des contrevenants, a été verbalisé, en majorité, pour excès de vitesse, soit avec un taux appréciable de 32,4%. C'est drôle, mais c'est comme ça ! La preuve : 22%, en plus des 10% sans opinion (attitude de coupable oblige !) pensent que la sanction n'a pas été “juste". Mais à la question de savoir si le contrevenant a changé de comportement au volant, seulement 37% ont répondu “positif", contre 63% de récidivistes. De contradiction en contradiction, les Algériens exigent à ce que la loi, toute la loi, soit très sévèrement ou sévèrement appliquée (76%), contre 24% des conducteurs qui voudraient un plus de “souplesse". Avec le permis à points, ce sera kif-kif ! Sur un autre chapitre, le sondage de Liberté a eu ce mérite de confirmer que les conducteurs de camions et de poids lourds devront adopter un comportement plus vigilant sur les routes. Mis à l'index par 849 de citoyens sondés, ils devancent de peu les jeunes conducteurs mis en cause (par 735 personnes interrogées) dans les accidents de la circulation, et ce, au même titre que les conducteurs des bus considérés, eux aussi, “dangereux". En revanche, les conducteurs plus âgés sont considérés moins dangereux sur les routes. Autre facteur majeur, les piétons. Là aussi, 90% des personnes sondées, elles aussi concernées, estiment que les piétons ne respectent pas du tout ou ignorent carrément les règles de la circulation, contre seulement 11% qui jugent que les passants respectent “très bien" ces mêmes règles. Les barrages routiers trop nombreux pour 57% de l'échantillon représentatif, sont jugés utiles par un taux de 54% du même indice. À la question de savoir si l'usage du téléphone portable pose un problème de sécurité, 92% des conducteurs, dont 88% confirment le danger, sont affirmatifs. Mais à la question si ces mêmes automobilistes se sentent en sécurité sur les routes par rapport au risque d'accident, la réponse ne sera que surprenante ! En effet, 88% dont 10% ne révèlent pas leur opinion, ne se sentent pas en sécurité. Plus prudentes au volant, selon un taux de sondés de 65%, les femmes confirment cette thèse selon laquelle les hommes conduisent vite, même trop vite. D'ailleurs, 24% des personnes sondées estiment que les femmes ne sont pas prudentes. Mais bon, en relativisant ! Cela va sans dire que les mêmes personnes interrogées estiment que pour améliorer la sécurité routière, il faudra investir sur 7 axes principaux, à savoir la signalisation dans les endroits dangereux, la sensibilisation des jeunes au volant et des chauffeurs des poids lourds, l'effet de l'alcool, l'amélioration des infrastructures routières, la limitation de la vitesse et l'éduction des enfants à la sécurité routière. Sachant qu'il ne reste que 3 mois pour sa mise en vigueur, le permis à points demeure inconnu chez 70% des Algériens qui n'arrivent toujours pas à connaître sa signification ! Enfin, à la question de savoir ce qui devra être fait pour réduire le nombre de morts et de blessés sur les routes, là aussi c'est la grande surprise : 35% des personnes sondées estiment que la loi devra être strictement appliquée, contre 21,9% sans réponse, 16,1% pour la prévention, alors que le reste des mesures ne représente qu'un pourcentage infinitésimal. F. B.