La cérémonie, organisée à l'occasion de la célébration de la date anniversaire de la naissance du chanteur kabyle et chantre de l'amazighité, Matoub Lounès, a été jeudi dernier, une occasion pour sa sœur, Malika, et son avocat Me Aïssa Rahmoune de revenir sur le jugement des assassins du Rebelle. Lors d'une conférence de presse, animée en marge de la cérémonie de remise du Prix de la résistance, Malika Matoub, la présidente de la fondation portant le nom de son frère, a d'emblée expliqué que Lounès n'a pas eu droit à un procès, 15 ans après son assassinat. “En jugeant Malik Medjnoun et Hakim Chenoui, qui ont passé 12 ans sous mandat de dépôt, la justice a voulu se débarrasser de l'affaire Matoub, mais celle-ci restera une tâche noire dans les annales de la justice algérienne", a-t-elle martelé. Appuyant cette déclaration, Me Rahmoune, l'avocat de la famille Matoub, a expliqué que le procès de Medjnoun et Chenoui n'a concerné qu'un seul chef d'inculpation, à savoir la participation à l'assassinat de Lounès. Autrement, a-t-il relevé, le chef d'inculpation consistant en l'assassinat lui-même, et donc l'homicide volontaire n'a jamais été traité par la justice. C'est sur la base de ce constat que la famille Matoub, représentée par Malika, dit continuer le combat pour rouvrir le dossier à la justice, faute de quoi l'affaire sera portée devant les instances internationales avec comme objectif de faire éclater la vérité. À ce titre, elle rappelle l'expertise confiée à un bureau français spécialisé en criminologie ; un bureau qui a déjà effectué une étude balistique sur le véhicule de Matoub et aussi une reconstitution des faits sur le lieu de son assassinat. “Il reste à présent la deuxième partie de l'expertise, à savoir les analyses ADN sur le sang trouvé sur le véhicule, des analyses qui représentent 80% de l'expertise et qui seront effectuées en Autriche, le seul pays où ce genre d'analyses peuvent être effectuées sans que la demande n'émane d'un tribunal", a expliqué la sœur du Rebelle qui, pour démontrer sa volonté d'aller jusqu'au bout, a déclaré que “si c'est avec l'exhumation du corps de Lounès qu'on pourra parvenir à faire éclater la vérité, la famille Matoub ne constituera jamais un obstacle". Pour l'instant, souligne Malika et son avocat, aucune volonté politique d'élucider cet assassinat politique n'est décelée dans la justice algérienne qui n'a même pas daigné, disent-ils, auditionner les 52 personnes qui lui ont été remises en 2008. S L