Echaudé par les fortes tensions engendrées par la flambée des prix, la rupture des stocks et la spéculation sur le marché lors des précédents mois de Ramadhan, le gouvernement veut, cette fois-ci, garantir, face à une demande excessive, une offre plus élargie en produits alimentaires. Sa stratégie est simple : inonder le marché national en produits de large consommation pour le mois sacré qui pointe déjà son nez. Pour atteindre un tel objectif, l'Exécutif a arrêté toute une batterie de mesures et mis en place un large éventail de dispositifs. Outre la production nationale, les marchés internationaux ont été d'ores et déjà sollicités afin de réduire un tant soit peu les perturbations appréhendées notamment durant la première semaine de Ramadhan. Là où l'industriel ou l'agriculteur manque à son engagement à fournir des produits en quantités suffisantes et en qualité requise, les pouvoirs publics recourent de manière systématique à l'importation. Pas de place à l'examen des raisons à l'origine d'une telle contreperformance. Il faut parer au plus pressé afin d'éviter toute fronde de la part du consommateur voire du citoyen qui a perdu confiance en ses dirigeants suite aux nombreux scandales de corruption apparus récemment sur la scène socioéconomique du pays. Une action de régulation du marché d'envergure est aussitôt mise en branle. Les statistiques officielles sont affichées et confirment cette réalité. Les importations algériennes de produits alimentaires se sont établies à 4,17 milliards de dollars durant les cinq premiers mois de 2013, en hausse de 15,6% par rapport à la même période de l'année dernière, indique le dernier bilan des douanes. La facture des produits alimentaires, qui représente 17,7% de la structure des importations globales algériennes, s'est élevée à 4,17 milliards de dollars, contre 3,61 milliards de dollars durant la même période en 2012, soit une hausse de 15,66%. Sur la base de ces chiffres, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a déclaré, il y a quelques jours, que la disponibilité des produits alimentaires mis sur le marché s'est améliorée dans une proportion allant de 15% à 70% grâce à la production locale ou à l'importation pour faire face à la demande pendant le Ramadhan. Une position confortée par son directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes, Abdelhamid Boukahnoune, au cours du Forum organisé hier par le quotidien arabophone El Khabar. Recours aux importations pour la régulation du marché Même s'il n'écarte pas une hausse des prix durant les premiers jours du mois sacré, M. Boukahnoune estime que le marché ne connaîtra pas de grosses perturbations. Car, argue-t-il, l'offre en produits alimentaires coïncide avec une production de pleine saison. Des stocks de sécurité ont été aussi constitués. L'autre argument avancé par l'invité d'El Khabar est la réception de 128 marchés et la réalisation de 556 marchés de proximité. Ces espaces commerciaux qui, auparavant, faisaient défaut, auront, selon lui, à absorber toute la marchandise mise sur les marchés de gros. L'existence de pareilles surfaces fait, indique-t-il, baisser la spéculation. "Je reste optimiste quant à l'offre et aux prix qui seront pratiqués durant le mois de Ramadhan. Nous rassurons les consommateurs que les produits qui seront commercialisés ne représenteront aucun danger pour leur santé et que les tarifs plafonnés seront contrôlés", souligne le représentant du ministère du Commerce. Pour cela, plus de 6 000 agents entre inspecteurs et contrôleurs ont été mobilisés. Toutefois, il tient à préciser que sur les 53 produits de première nécessité importés, 34 ont enregistré une hausse des prix évaluée à 84% alors que les 19 restants ont connu une baisse. Il va sans dire que cette augmentation à l'import sera indubitablement répercutée sur le prix de ventre sur le marché local. Ce qui, par conséquent, n'arrangera guère les affaires des responsables de tutelle qui aspirent à un mois sacré plutôt calme pour passer des vacances... tranquilles et surtout méritées. Encore faut-il que le consommateur change son comportement, devenu coutumier à la veille du mois de Ramadhan. Pris souvent de panique, l'Algérien constitue des stocks en produits alimentaires à quelques jours du mois sacré dans le but, pense-t-il, d'éviter une hausse certaine des prix. Par une telle attitude, il ne fait que contribuer à la hausse des cours et à envenimer la situation du marché. D'où la nécessité d'une vaste compagne de sensibilisation dans ce sens. La tutelle est appelée ainsi à rasséréner le consommateur quant à la disponibilité des produits alimentaires sur un marché, d'après elle, bien approvisionné. L'entendra-t-il de cette oreille ? Il faut attendre le début du Ramadhan pour le savoir... B K Nom Adresse email