Résumé : Les blessés souffraient le martyre, mais on ne pouvait rien pour eux. Fatiha n'était pas encore revenue, et j'étais très inquiet pour elle. Si Ahmed me rassura. Cette femme retrouvait toujours son chemin. Lui-même était légèrement blessé. Le cri d'un loup suivi d'un aboiement attira notre attention. Nos hommes avaient repéré des militaires... Je me lève, mais Si Ahmed me tire par l'épaule : -Toi, tu restes ici avec les blessés... Ils auront besoin d'une assistance. -Pourquoi pas toi ? Il me montre son arme : -Tu ne manipules pas encore les armes aussi bien que moi... Ton tour viendra bien vite. Heu... n'oublie surtout par d'éteindre le feu. Je revins vers les blessés alors que les frères se dirigeaient l'un derrière l'autre vers la sortie. On referme l'entrée du rocher avec des branches d'arbres et des pierres. J'éteins le feu, et l'obscurité s'empare des lieux. Le loup continuait de pousser son cri qui glaçait les os, relayé par les aboiements du chien qui apparemment avait décodé quelque chose, et tentait à son tour de le transmettre. Je revins vers les blessés. L'un d'eux faisait sûrement un cauchemar. Il parlait dans son sommeil et semblait agité. Je m'approchais de lui en tâtonnant. Il avait de la fièvre... Il délirait... Je ne savais pas quoi faire. Après quelques hésitations, je me mets à essuyer son corps dégoulinant de sueur, et lui donne un peu d'eau. Je n'y voyais rien. Mais je repérais les recoins du rocher en suivant les courbes du sol. Le blessé pousse un soupir et s'assoupit. Les autres semblaient dormir. Au moins ils étaient à l'abri. Je savais qu'ils souffraient tous... Ils faisaient peut-être semblant de dormir, me dis-je en m'approchant de certains pour toucher leur front. Les uns avaient de la fièvre, et les autres se mordaient les lèvres jusqu'au sang pour supporter la douleur. Je leur parle tout doucement comme j'ai vu Fatiha le faire. Ils m'en seront reconnaissants plus tard. J'entendais des tirs puis des explosions... L'ennemi était revenu... Nos combattants ripostaient à l'attaque... Etaient-ils assez nombreux ? Les tirs continuaient. Je sentais mon sang givrer dans mes veines. Si jamais les militaires français remontaient jusqu'à l'abri, ils n'en feraient qu'une bouchée... une seule grenade suffira à nous exterminer moi et mes blessés. J'entendis un léger bruit. Quelqu'un était là. L'intrus devait connaître l'entrée car il soulevait une par une les branches des arbres... Je sentais qu'il les remettait au fur et à mesure qu'il s'approchait... Il était à l'intérieur... Il était près de moi... J'entendais même sa respiration. -Boualem... tu es là ? Mon cœur battait la chamade... Cette voix... ? Oh ! mon Dieu. C'était Fatiha ! Elle était revenue, et avait rampé dans la forêt avant d'arriver jusqu'au rocher... Qui d'autre qu'elle pouvait reconnaître l'entrée et remettre les branches d'arbre à leur place sans faire le moindre bruit ? -Boualem, pourquoi ne réponds-tu pas ? Je reprends mes esprits, et lance d'une voix apeurée : -Oui... je suis là... avec les blessés. J'ai eu vraiment chaud ! -Je comprends. Tu n'es pas encore habitué à tout ce remue-ménage. La bataille fait rage dans les bosquets... Je pense que les frères sont assez loin... -Tu crois ? -Oui, ils respectent une stratégie... On doit s'éloigner au maximum du rocher pour ne pas attirer l'attention... À chaque embuscade, on tente de détourner l'ennemi... -Il y avait ce loup avec son cri lugubre puis le chien... -Oui... Ce sont nos hommes... Un signal aux autres pour se préparer... Je n'ai pas d'armes sur moi, sinon je les aurais rejoins... Heu... tu as faim ? Faim ? Le mot me parut saugrenu. Comment peut-on avoir faim dans une telle fournaise ? -Heu... Je... je ne vois rien, et je ne sens rien... Fatiha fait craquer une allumette : -Je vais faire un petit feu dans un coin. -Mais... et si on nous repérait ? -Ne crains donc rien, je ne vais pas allumer un brasier, juste de quoi éclairer les lieux. Comment vont donc nos blessés ? -Ils souffrent, mais ils sont très courageux. -Je n'en doute pas. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email