Résumé : Camélia accepte que Omar l'accompagne à Paris, à la seule condition qu'il n'en touche pas un mot à sa mère qui la harcèlera encore pour l'épouser. Le jeune homme est aux anges et lui promet tout ce qu'elle veut. Après son départ, elle reprend la rédaction de son récit, et repense encore à Hassen. Après son départ, elle revint dans sa chambre et se met devant son ordinateur. Son récit avait souffert encore de son absence et de ses retards, mais elle se promet d'y remédier rapidement. La veille, elle avait travaillé une bonne partie de la nuit, et aujourd'hui elle va encore faire un effort pour avancer dans sa besogne. Hassen avait dû l'appeler, se dit-elle, mais tout compte fait, elle ne voulait plus le revoir. Son obstination va l'aider à mieux supporter sa situation. Elle l'aimait. Elle savait qu'elle ne pouvait plus lui résister... Et pour cela, elle devrait s'éloigner au maximum de lui... Elle devrait l'éviter... Dans quelques jours, elle sera à Paris... Une opportunité pour elle de mieux gérer ses sentiments et d'oublier définitivement cet homme. Elle reprend son récit et replonge dans son imagination pour élaborer le paragraphe suivant. L'héroïne devrait rencontrer son amoureux en pleine nuit et s'offrir à lui en gage de son amour. Elle s'arrête un moment et se dit que parfois la vie offrait aux êtres humains de très beaux cadeaux. Seulement, dans la plupart des cas, elle savait piéger les plus vulnérables. Elle aimait Hassen... Mais elle ne voulait pas le partager... Même s'il divorçait, l'ombre de sa première femme planerait toujours sur eux. Elle travaille longtemps encore et ne s'arrêta qu'à court d'imagination. Ses paupières se refermaient toutes seules. Elle s'allonge sur le sofa et s'endort sans demander son reste. Hassen gare son véhicule juste en face de son cabinet. Il était en retard, et de nombreux patients l'attendaient. Il enfile sa blouse et fait signe à l'assistante de lui envoyer le premier patient. C'était un vieil homme qui souffrait de rhumatismes et de quelques maux liés à son âge. Le médecin le rassure. Un petit traitement à base d'anti-inflammatoires et quelques fortifiants suffiront à le soulager. L'homme ébauche un sourire édenté : -À mon âge, il ne faut pas s'attendre à un miracle docteur. -Pourquoi pas... Les miracles existent pourtant... -Oui... Mais plutôt dans le cas de jeunes gens comme toi... Moi, ma vie est déjà consumée. -La vie est belle, et il faut la croquer jusqu'au dernier souffle. Ce n'est pas tes rhumatismes qui vont te tuer. -Je sais, c'est la souffrance de ne pas pouvoir faire ce qu'on veut qui me torture... Tu ne pourras pas comprendre ça avant de l'avoir vécu, mon fils. Hassen tente de rassurer encore le vieil homme sur sa santé, avant de lui tendre son ordonnance et de l'accompagner jusqu'à la porte. L'homme avait parlé de souffrance morale. Hassen ne pouvait lui dévoiler qu'il souffrait autant que lui, et peut-être plus... Son cœur brûlait d'un amour incommensurable pour Camélia. Mais il semble que pour cette dernière ce n'était pas le cas. Elle a fui en pleine nuit pour s'éloigner de lui au plus vite. Pour l'éviter. Il avait compris le message. Leur aventure prenait fin avant d'avoir commencé. Il avait fait d'elle une femme. Elle devrait être sienne. Pourquoi ne voulait-elle pas reconnaître ses sentiments envers lui ? Son état d'homme marié la dérangeait. Il l'avait compris. Cependant, il ne lui avait jamais menti sur sa relation avec sa propre femme. Sa vie devenait un enfer. Il se plongeait corps et âme dans son travail pour fuir une réalité amère. Et ne voilà-t-il pas qu'il doit affronter une autre souffrance. La sienne... Celle de son amour perdu. Cette souffrance-là était bien plus aiguë, bien plus cruelle. La vie offrait de belles perspectives pour ceux qui savent les saisir. Hélas ! Dans son cas, il était apparemment voué à vivre dans l'échec et la destruction. D'autres malades suivirent. Les uns parlaient de bobos imaginaires, d'autres avaient de sérieux problèmes de santé. Il tentait de calmer les premiers et de soigner les seconds. Entre deux consultations, il jetait un coup d'œil à son téléphone qui demeurait muet. Le coup de fil qu'il attendait avec impatience ne venait pas. Camélia n'avait plus repris contact avec lui. Pis encore, elle ne répondait pas à ses appels. Il secoue la tête et reprend le travail. En fait, elle habitait juste l'immeuble d'en face. Ne pourrait-il pas lui envoyer un message ? Lui écrire un mot ? Une autre perspective se présentait : se rendre encore à la rédaction... Comment va-t-elle réagir ? Elle n'était pas la femme qui se laissait marcher sur les pieds. Et pourtant, il devrait faire quelque chose... Il devrait la revoir coûte que coûte. Pourquoi ne l'attendrait-il pas devant son immeuble en fin de journée ? Elle rentrait souvent à des heures tardives, mais il n'en avait cure... Il pouvait passer toute la nuit à la guetter s'il le faut, pourvu qu'il réussisse à lui dire quelques mots. Et tant pis si cela allait lui déplaire. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email