Suite au pourrissement de la situation en Libye, en particulier à Benghazi, le président tunisien Mohamed Moncef Marzouki a convoqué, vendredi soir, une réunion qualifiée d'"urgente" du Conseil national de sécurité. Selon le ministre de l'Intérieur, Lotfi Bendjeddou, le conseil a examiné cette situation et ses éventuelles retombées sur la Tunisie. Ces retombées pourraient être l'arrivée d'une nouvelle vague de réfugiés, l'infiltration de terroristes ou des problèmes entre les Libyens qui résident actuellement en Tunisie, sachant que ces derniers sont de sensibilités politiques diverses et dont le nombre approche les deux millions. C'est donc pour établir un plan sécuritaire par anticipation que cette réunion a eu lieu. En journée, le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, avait présidé une réunion consacrée aux retombées qui pourraient être, selon le ministre, l'arrivée d'une nouvelle vague de réfugiés, l'infiltration, l'examen des préparatifs de la mise en place de ce qu'il a appelé "pôle de lutte contre le terrorisme". La création de ce pôle avait été annoncée, la veille, par M. Jomâa dans une conférence de presse. Le but est d'assurer une bonne coordination des actions des diverses structures impliquées dans la lutte contre le terrorisme. Le chef de gouvernement réunissait autour de lui le ministre de la Justice, ceux de la Défense et de l'Intérieur, le ministre délégué à la Sécurité ainsi que bon nombre de hauts responsables militaires et de la sécurité. Dans sa conférence de presse, M. Jomâa l'avait dit clairement : "Le terrorisme n'a pas de place en Tunisie." Ce serait une devise pour le chef de gouvernement qui ne perd pas son temps pour intensifier la lutte contre le terrorisme en passant de la réaction à l'anticipation. La mise sur pied d'un tel pôle exige un travail d'un à deux ans, selon les propres termes du chef de gouvernement. Mais sa détermination dans la lutte contre le terrorisme est telle qu'il pense le mettre sur pied avant son départ du gouvernement, soit avant la fin de l'année en cours. Ce pôle sera, tel qu'il a été défini par M. Jomâa, un organisme qui réunira en un genre de "guichet unique" toutes les structures concernées afin d'assurer la fluidité requise de l'information et du renseignement et la célérité dans la prise de décision et de l'exécution des consignes. Pour constituer ce pôle, M. Jomâa n'exclut pas la coopération avec l'étranger. Au contraire, il en fait un élément essentiel en disant qu'il sera créé avec l'aide des pays frères et amis dotés d'expériences avérées en la matière, mettant en relief l'Algérie avec laquelle "la coopération est totale" en ce qui concerne la sécurisation des frontières et la lutte contre le terrorisme. Sur le terrain, la lutte continue. Ces derniers jours, de nombreuses arrestations ont eu lieu parmi les terroristes ou présumés comme tels. En effet, des mandats de dépôt ont été pris contre trois membres de "l'association de bienfaisance" islamique pour blanchiment d'argent et financement du terrorisme. En outre, une attaque contre un poste de police a été déjouée, dans une station balnéaire de Monastir. Deux individus cagoulés roulant à bord d'une motocyclette ont pris la fuite quand un agent de police les a surpris. Leur sac laissé sur la route contenait des cocktails Molotov et une épée. Au mont Châambi que les autorités disent avoir nettoyé, deux soldats ont été blessés il y a trois jours par une mine qui a explosé sous leurs pieds. Cette zone, pourtant classée "zone militaire fermée", pourrait abriter encore des terroristes, généralement bien équipés en kalachnikov et jumelles de vision nocturne pour détecter les mouvements des troupes armées. M. K. Nom Adresse email