Que ce soit l'UMP ou le PS ou pour faire court l'"UMPS", la montée de Marine Le Pen leur fait peur. La fille Le Pen croit du reste en sa bonne étoile. A 48 heures des élections européennes, le parti d'extrême droite français ne fait en réalité que de figure d'épouvantail, même s'il n'a cessé de progresser dans les intentions de vote. La peste brune française devait en effet se contenter d'une dizaine de mairies sur les plus de 30 000 que compte la France. Et auparavant, il avait arraché deux sièges au Parlement : un pour la fille Le Pen et le second pour un avocat people qui n'est pas encarté dans le parti, mais un islamophobe pur jus qui a utilisé le Front national comme vecteur. Bon, Marine Le Pen s'est dégoté un bon millier d'élus, et alors ? Puisque les électeurs français, jusqu'ci, ont montré qu'ils savaient où placer leurs œufs entre cantons, mairies et représentation nationale. A la députation européenne, ils vont se lâcher selon les sondages pour deux raisons : le Parlement de Strasbourg est assez loin, et puis c'est une nouvelle occasion de sonner les cloches pour le système UMPS. Le parti anti-émigré et islamophobe des Le Pen – le papa toujours en activité pour veiller pour les 10 000 euros mensuels de député au Parlement européen – est un épouvantail, un repoussoir, mais aussi et surtout un indicateur de la poussée raciste, xénophobe et islamophobe en France. Un Français sur trois se dit proche de ses idées que, par ailleurs, l'UMPS, de droite comme de gauche, a enfourchées pour aller dans le sens du poil de la société française ! Ses dirigeants sont sûrement, eux aussi, un tant soit peu islamophobes, car dans les sondages, l'islam comme danger en France vient bien après la perte du pouvoir d'achat, la désindustrialisation et les règles de Bruxelles. La montée en puissance de la peste brune depuis l'arrivée de Marine aura tout de même marqué un changement radical de la carte politique française, et les sociologues n'hésitent plus à parler de "lepénisation des esprits". C'est dire tout le poids des idées franchouillardes de la France dite blanche, au sein d'une société qui a rangé les "lumières" et les "droits de l'homme". Un changement dû, sans doute, à la stratégie de conquête mise en place par la fille Le Pen, qui a bénéficié de la complaisance, voire de la complicité des pouvoirs de la droite traditionnelle comme des socialistes qui ont, eux aussi, dédiabolisé les thèmes racistes, xénophobes et discriminatoires et semer le doute sur l'Union européenne créée pourtant par eux. Des socialistes ont même estimé que le parti des Le Pen est "respectable" pour entrer dans l'arrière-cour du pouvoir. Ce bout de pouvoir, Marine le veut et s'est lancée à sa conquête, captant de nouveaux candidats, jeunes, instruits, déçus par l'establishment au point de s'habiller aux couleurs franchouillardes. L'islamophobe a même pu recruter dans les fils de l'immigration du sud de la Méditerranée ! Cette transhumance a fait des dégâts chez les Umpéistes, mais aussi dans des proportions significatives chez les socialistes en colère contre François Hollande qui n'a pas tenu ses promesses sociales. En fait, le phénomène n'est pas que français : l'extrême droite a débordé partout en Europe, même en Russie. Au Royaume-Uni, au Danemark, en Finlande, en Autriche et en Hongrie, les partis eurosceptiques et europhobes pourraient arriver à la deuxième ou troisième place. En France, Marine pourrait être la première... Mais les sondages en sa faveur pourraient également être démentis, comme au Pays-Bas où le parti du Viking antimusulman donné favori s'est retrouvé en 4e position. D. B Nom Adresse email