Résumé : Nora découvrait de plus en plus que Achour était d'une avarice maladive. C'est un homme qui ne mangeait jamais à sa faim et ramassait la moindre miette. Il lui révèlera d'ailleurs, qu'il s'approvisionnait régulièrement en produits de sa ferme à chaque voyage. Devant l'air hébété de sa femme, il rajoutera que sa famille allait les inviter à un petit festin. Nora écarquille les yeux : -Tu veux dire que nous devrions attendre des invitations pour manger correctement ? Il hausse les épaules : -Si tu trouves que c'est indécent, nous allons refuser tout invitation... Je ne vais tout de même pas me ruiner en achats et en courses pour te faire plaisir, alors que je viens de dépenser une fortune pour t'offrir un trousseau. Nora sentit la moutarde lui monter au nez : -C'est ce que tu penses ? Tu m'as ramené deux chemises de nuit, une paire de chaussures, deux robes et quelques parfums, et tu appelles ça un trousseau ? Il hausse les épaules encore : -Prends-le comme tu veux. Je ne vais pas changer mes habitudes pour te faire plaisir Nora. Désormais tu apprendras à être plus économe dans tes dépenses et dans ta façon de vivre... Sinon... Il lui brandit son index au visage : -Sinon... Je ne saurais me contrôler... Ayant déjà fait les frais de la mauvaise humeur de son mari, Nora n'osera plus lui tenir tête. Allongée à ses côtés dans le noir de la nuit, elle se met à pleurer et à maudire son sort. Achour met une main sur son épaule. Elle tente de faire semblant de dormir, mais il la secoue brutalement : -Ne joue pas la comédie Nora... Je sais que tu ne dors pas... Elle renifle et lui répondit d'une petite voix : -Pourquoi m'avoir épousé Achour ? Il soupire et se met à lui caresser le dos : -Parce que tu es belle et jeune... Louisa m'avait aussi certifié que tu préférais les hommes d'âge mûr. -Louisa t'avait dit ça ? -Oui. Et le jour où je t'ai rencontrée, elle m'avait assuré que tu étais non seulement consentante pour te marier avec moi, mais que tu étais aussi pressée que l'était une amoureuse. Nora sentit quelque chose bloquer sa respiration. Louisa... Louisa la femme à son oncle avait tout manigancé... Heu... Pas seule... Il y avait aussi sa propre mère ! Ses larmes tracèrent de longs sillons sur ses joues, avant d'inonder son visage. Achour l'oblige à se retourner. Elle ne savait plus si elle était encore vivante, mais ses sens refusaient de lui obéir. Elle ne désirait plus qu'une seule chose : s'enfuir... S'enfuir loin... Très loin. Et ne plus revoir ni sa famille, ni Achour, ni qui que ce soit qui lui rappellerait ces jours mornes où elle tentait de vivoter. Comme s'il lisait dans ses pensées Achour lance d'une voix rauque : -Gare à toi si tu essayes de quitter la maison ou de t'enfuir. Crois-moi, je ne passerai pas par quatre chemins pour te retrouver et passer mon couteau de l'une à l'autre de tes oreilles... Compris ma chérie ? Elle ne lui répondit pas et enfouit son visage dans la couverture en loque qui ne servait même pas à essuyer ses larmes. Achour se met à ronfler tel un mufle. Il dégageait une mauvaise haleine. Nora se dit qu'elle devrait apprendre à supporter non seulement le caractère de ce bougre, mais aussi sa saleté, ses ronflements et tous les inconvénients de sa cohabitation avec lui. Elle passe la nuit à méditer et à faire des plans. Les menaces de Achour n'étaient pas pour la décourager. Elle saura sûrement trouver une solution et quitter les lieux et cet homme qu'elle détestait de toutes ses tripes. Aussi loin que remontait ses souvenirs et ses folies de jeunesse, elle n'avait jamais imaginé un jour qu'elle allait se retrouver dans une situation aussi désespérée que celle qu'elle vivait. Elle se lève et se dirige vers le petit réduit qui servait de cuisine. Elle n'avait pas allumé et tâtonnait pour chercher des allumettes. Elle met de l'eau à chauffer sur le réchaud, avant d'y jeter quelques cuillères de café. Tant pis si elle recevait une raclée, mais elle avait besoin d'un café fort et sans sucre. À suivre) Y. H. Nom Adresse email