La nouvelle autorité irakienne rejette la présence de ses voisins dans la force multinationale qui devrait seconder les Etats-Unis jusqu'aux élections générales de 2005. Le ton est ferme comme l'est le maintien des GI's en Irak. Avant d'être désigné Premier ministre de l'Irak en transition, le chiite Allaoui avait — en personne — évacué toute idée de retrait des forces américaines. Lors d'une rencontre, en marge de la conférence ministérielle de l'OCI (Istanbul), le ministre irakien des AE devait examiner avec ses homologues de cinq pays riverains et de l'Egypte, la question de sécurité en Irak. Notamment le contrôle de ses frontières. Zebari, qui a fait son baptème de ministre reconnu à l'échelle internationale devant le Conseil de sécurité, lors des travaux sur la résolution américano-britannique sur l'Irak post-Sadam, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dire comment les voisins de l'Irak peuvent aider à consolider la stabilité et la sécurité dans son pays. Par une franche coopération et coordination au niveau du contrôle de leurs frontières avec l'Irak. Les Etats-Unis avaient, à plusieurs reprises, accusés les voisins de l'Irak de complaisance à l'égard de groupes armés devant rejoindre les rangs de la guérilla. Bush a même menacé la Syrie et l'Iran. Les autorités de Bagdad exigent donc de leurs voisins un contrôle plus rigoureux de leurs frontières. Le pouvoir de Bagdad ne s'arrête pas à ça. Crédité de la reconnaissance internationale, via l'ONU, le gouvernement de transition réclame également de ses voisins l'arrêt de cette agitation médiatique dont leurs médias et classes politiques excellent à propos de la situation en Irak. Zebari n'a cessé depuis mai d'accuser des pays du Golfe de se mêler des affaires intérieures irakiennes et d'encourager la violence pour déstabiliser le pays, notamment via leurs chaînes de télévision satellitaires. Les autorités irakiennes intérimaires rejoignent les Etats-Unis pour critiquer la couverture des évènements en Irak par les chaînes de télévision Al-Jazira et Al-Arabiya, respectivement installées au Qatar et aux Emirats arabes unis. Zebari a asséné ces vérités devant les ministres des Affaires étrangères de la Turquie, de la Syrie, de l'Iran, du Koweït ainsi que le ministre de la Justice de Jordanie et les numéros deux des Affaires étrangères de l'Arabie Saoudite et de l'Egypte. Par ailleurs, l'Irak a fait savoir qu'il attendait des membres de l'OCI une aide à la reconstruction. L'OCI a accueilli favorablement la formation du gouvernement intérimaire irakien, la passation de pouvoir le 30 juin ainsi que la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui légitime ce gouvernement. L'émissaire des Nations unies en Irak, Lakhdar Brahimi, n'a cessé d'appeler à aider le gouvernement transitoire irakien qui prendra le pouvoir dans une semaine. Le Conseil de sécurité des Nations unies avait adopté début juin, à l'unanimité, une résolution proposée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, exprimant le soutien international au gouvernement intérimaire irakien. D. B.