Des accords ont été conclus lors de la visite du président russe Vladimir Poutine à Douchanbe à la mi-octobre sur la location pratiquement gratuite, pour 49 ans, d'un terrain de la capitale tadjik pour une base militaire russe et sur la rétrocession à la Russie de la station militaire d'observation spatiale de Nourek (est de Douchanbe). La station de Nourek, qui fera partie de la base, a été remise à la Russie en échange de l'effacement de plus de 240 millions de dollars de la dette tadjik de près de 300 millions de dollars envers Moscou. “Nous sommes déterminés à augmenter notre présence militaire au Tadjikistan et ce sera la garantie non seulement des investissements russes dans ce pays, mais aussi celle de la stabilité de la région entière”, avait déclaré Poutine à Douchanbe. La nouvelle base militaire comptera près de 5 000 hommes, dont les membres de la 201e division russe, qui sont déployés dans l'ancienne République soviétique depuis la chute de l'URSS en 1991, notamment pour garder la frontière tadjiko-afghane. Le contrôle de la frontière incombe en partie aux forces russes depuis un accord intergouvernemental conclu en 1993, et devait en principe prendre fin en 2006. Cette base, qui comprendra des unités de l'armée de terre et de l'armée de l'air, ainsi qu'une unité de défense anti-aérienne, a pour mission de protéger la frontière méridionale de la CEI (ex-URSS moins les Etats baltes) avec l'Afghanistan où la situation demeure tendue malgré l'élection au suffrage universel de Karzaï. C'est la deuxième et la plus importante base militaire russe a être créée à l'étranger depuis 1991. Poutine a inauguré en octobre 2003 une base aérienne à Kant, au Kirghizstan. L'armée russe qui réinvestit l'Asie centrale doit construire d'autres casernes ainsi que des hôpitaux, des logements et des écoles pour ses militaires. Poutine, qui n'a jamais caché ses velléités impériales, renforce ainsi sa présence militaire en Asie centrale au nom de la lutte antiterroriste mais aussi pour faire contrepoids à la présence américaine dans cette région, pré-carré de la Russie depuis le milieu du XIXe siècle. Le président russe, qui a été réélu cette année avec un score digne des anciens systèmes socialistes, avait donné le feu vert au déploiement de forces américaines dans plusieurs ex-républiques soviétiques, notamment en Ouzbékistan et au Kirghizstan après les attentats du 11 septembre 2001 au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais cette décision avait été critiquée dans les milieux militaires russes comme une concession majeure ouvrant la porte à une perte d'influence de Moscou dans la région. D. B.