La chute brutale des cours des hydrocarbures, la dépréciation de la valeur du dinar, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, au 1er semestre 2014, "la baisse du taux de change moyen du dinar face à l'euro est de 4,32%", amplifient les craintes des spécialistes. à ces contraintes financières, il faut ajouter l'impact de la contraction de nos recettes extérieures qui ont affecté les équilibres macroéconomiques – déséquilibre budgétaire, risques d'épuisement du fonds de régulation des réserves, augmentation préoccupante de la dette interne, des transferts sociaux, hausse inconsidérée des importations. Autant de facteurs qui suscitent des inquiétudes et incitent à la prudence. Mais en dépit de ces clignotants rouges, les pouvoirs publics continuent leur politique sociale en faveur des catégories les plus vulnérables, et expriment leur volonté de relancer le secteur industriel en vue de diversifier notre économie pour l'arracher des griffes de la rente, la poursuite des programmes de logement ainsi que des différents systèmes d'aide et d'insertion des jeunes dans le monde du travail pour endiguer le chômage. En revanche, une explosion des importations (60 milliards de dollars) et une passivité inexpliquée de la justice face aux grands dossiers de la corruption, de la dilapidation des deniers publics et de la lutte contre les forces de la spéculation et les lobbys de l'import-import contredisent cette "volonté" affichée des gouvernants. Dans de telles conditions, comment peut-on demander, décemment, aux populations les plus fragilisées d'accepter une période d'austérité qui accentuerait leur précarité ? Bien évidemment, même si nous disposons encore d'une relative marge de manœuvre pour traverser sans trop de turbulences le scénario d'une crise qui risque de durer. Le gouverneur de la Banque d'Algérie n'avait-il pas averti le Parlement sur les risques de l'aggravation de la situation économique et financière en déclarant : "Si les réserves de change peuvent amortir un choc dans l'immédiat, elles pourraient s'effriter en cas de baisse prolongée des cours du pétrole." Mais ne "cachons pas le soleil avec un tamis", la dérive du dinar a commencé bien avant la chute des cours des hydrocarbures. Tout le monde sait que la valeur d'une monnaie est fonction de la puissance de son économie dont elle n'est que son expression monétaire et financière. Alors connaîtrions-nous le scénario de la dévaluation du rouble à hauteur de 40% de sa valeur ? Rien n'est moins évident affirment les experts que nous avons contactés. Selon eux, chaque pays a sa spécificité. La Russie fait face à une double contrainte. La guerre en Ukraine et les sanctions de l'Occident. Poutine estime qu'en 2017 l'économie russe transcendera ses difficultés. S'agissant de l'Algérie, qui dispose d'atouts financiers non négligeables pour la taille de son économie, elle n'est pas dans une situation similaire. En plus, un rebond des prix du pétrole dès 2017 n'est pas à exclure. Les grandes compagnies pétrolières internationales ne souhaitent pas aller en deçà d'un certain seuil de rentabilité de leurs investissements parce qu'elles perdent des profits. Par ailleurs, le capital financier international, dont la fonction est de spéculer, ne peut résister à la chute indéfinie des cours du pétrole. Ensuite, un frémissement de la relance des économies occidentales commence à voir le jour avec à la clé une augmentation de la demande énergétique. Nous sommes effectivement dans une conjoncture économique difficile, mais il faut tenir le cap. La valeur du dinar ne risque pas d'être impactée plus que de raison. D'abord, l'euro décroche par rapport au dollar, d'autant que nos échanges extérieurs se réalisent à plus de 65% avec la zone euro. Il faut cependant rester en veille. A. H.