Les ministres de l'Economie des Etats membres du Groupe 5 du Sahel (G5) se sont rencontrés durant 48 heures à Nouakchott en Mauritanie pour tenter d'apporter des réponses concrètes à une conjoncture économique et sécuritaire des plus difficiles dans la région. La situation sécuritaire dans la région du Sahel a été au centre du débat qui a réuni vendredi et hier les ministres de l'Economie du G5 du Sahel, dont sont membres le Mali, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso et la Mauritanie, a rapporté l'Agence mauritanienne d'information (AMI). "Dans un contexte géopolitique marqué par la persistance de foyers d'instabilité ouverts ou larvés, qui nous interpellent et nous montrent que nos chefs d'Etat et de gouvernement ont vu juste en créant le G5, car s'il est communément admis qu'il n'y a pas de développement sans sécurité, il n'y a point aussi de sécurité sans développement", a affirmé d'emblée le ministre mauritanien de l'Economie et des Finances, Moctar Ould Diaye, à l'ouverture de cette réunion extraordinaire vendredi après-midi. Outre les questions organiques et "l'examen des états financiers de l'année 2015", les représentants des pays membres du G5 ont longuement échangé sur la manière de lutter contre le terrorisme islamiste qui menace la stabilité de la région. Le Sahel, ce vaste territoire quasi désertique de 5 millions de mètres carrés, est devenu ces dernières années un véritable sanctuaire des groupes terroristes. L'on peut citer Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui écume toute la région du Sahel, ce mouvement entretient des liens étroits avec le groupe terroriste nigérian Boko Haram, bien que ce dernier ait décidé, depuis quelque temps, de faire allégeance à la nouvelle nébuleuse terroriste autoproclamée Etat islamique en Irak et en Syrie. Sur le plan local, d'autres mouvements armés dont Ansar Eddine, le Front de libération du Maçina et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) continuent de semer la terreur au Mali, mais ils représentent, autant qu'Aqmi et Boko Haram, un sérieux danger sur l'ensemble de la région du Sahel. Concernant la réunion du G5, ce qui explique son urgence, c'est justement le caractère transnational du terrorisme islamiste qui puise sa force dans le recrutement des jeunes désœuvrés des ces pays sous-développés, pour ne pas dire parmi les pays les plus pauvres du continent africain. "Le sous-développement a, en effet, toujours fait le lit de tous les maux. Je pense à l'extrémisme, au terrorisme, à la criminalité transfrontalière et aux autres formes de trafic illicite", a ajouté Moctar Ould Diaye, repris par l'AMI, l'agence de presse officielle. Pour rappel, la création du G5 Sahel est récente. Elle remonte à février 2014 et avait pour objectif de faire front contre l'expansion du terrorisme islamiste au Sahel, mais également d'ouvrir une nouvelle voie au développement économique "inclusif" dans la région. "Créer les conditions endogènes du développement et de la transformation socioéconomique du Sahel", est l'un des points inscrits à la réunion de ce week-end à Nouakchott qui doit aussi abriter le siège d'une école régionale de guerre du G5 Sahel. Son entrée en fonction est prévue pour l'année en cours. Les chefs d'Etat du Groupe se sont mis également d'accord pour la création, entre autres, d'"une force conjointe et d'une compagnie aérienne régionale pour améliorer les dessertes entre les pays membres", a rapporté encore la presse mauritanienne. Lyès Menacer