Pour le fondateur du RCD, le pouvoir cherche actuellement à "dévoyer" le message d'Avril 80, car, selon lui, les valeurs du mouvement d'Avril 80 sont essentiellement "démocratiques". "Le pouvoir ne combat pas la corruption, il joue avec, selon ses intérêts ! Le cas de Chakib Khelil en est le parfait exemple. Si dossier de corruption il y a, à son sujet, laissons la justice s'en occuper", a martelé, hier, Saïd Sadi, lors de sa conférence-débat, organisée à Haïzer, à l'est de Bouira. Et de poursuivre en déclarant : "Les clans de pouvoirs, aussi bien le DRS que la Présidence, se sont servis du dossier Chakib Khelil pour se livrer une guerre (...) Bouteflika comme Toufik. Chakib Khelil doit être traduit en justice et son rôle dans les présumées affaires de corruption doit être mis en lumière", a-t-il lancé. Sur le Printemps berbère, Sadi soulignera que "les messages et les valeurs d'Avril 80 doivent être sauvegardés et protégés des fossoyeurs de l'histoire (...) Nous ne devons pas laisser le pouvoir s'approprier notre lutte, comme il l'a fait avec Hassi-Messaoud et toute l'Algérie". Pour le fondateur du RCD, le pouvoir cherche actuellement à "dévoyer" le message d'Avril 80, car, selon lui, les valeurs du mouvement d'Avril 80 sont essentiellement "démocratiques et des libertés individuelles. C'est aux antipodes de ce qu'incarne le pouvoir actuel", a-t-il affirmé. Mieux encore, pour le conférencier, les autorités cherchent à "confisquer" le combat de toute une génération. "Aucun acteur des événements d'Avril 80 ne peut dire que notre combat était manipulé ou bien parti du néant. C'était un mouvement structuré avec une vision claire, nette et précise : la promotion des libertés démocratiques", assurera Saïd Sadi. Pour lui, les événements d'Octobre 88 étaient une "expression de la colère populaire, sans aucun projet de société et sans aucune structure", affirmera Sadi, pour qui, les messages d'Avril 1980 "sont infiniment plus consistants qu'une simple expression de colère". Répondant à une question sur les options pour "raviver la flamme d'Avril 80", il indiquera que chaque génération possède ses propres moyens d'expression. "À notre époque, nous avions choisi la grève générale, car il n'y avait pas d'autres moyens de manifester. Aujourd'hui, nous avons une jeunesse pleine de ressources et elle doit s'exprimer à sa manière, avec ses moyens (...) Mais elle doit conserver la substance des valeurs du mouvement de 1980." Abordant le sujet de l'officialisation de tamazight, l'ex-président du RCD l'a qualifiée de "piège", car, d'après-lui, cette officialisation est "factice, puisqu'elle n'intègre pas toutes les dimensions de cette langue (...) J'ai eu entre les mains le brouillon de la nouvelle Constitution et je vous le jure qu'il était plein de fautes d'orthographe", fera-t-il remarquer. Et d'ajouter : "Un pouvoir qui ne sait pas aligner une phrase correcte en français, vous croyez sérieusement qu'il peut prendre en charge une langue aussi complexe que la nôtre ?" Saïd Sadi considère que le pouvoir, par la constitutionnalisation de tamazight, "joue la montre en espérant que le peuple oubliera la substance de notre combat. Soyons vigilants !", avertira l'orateur. Enfin, invité à s'exprimer sur la question de l'autodétermination ou bien l'indépendance de la Kabylie, le conférencier évitera de s'attaquer frontalement au MAK, en déclarant que "tous les avis doivent être écoutés et débattus (...) Cependant, et à mon avis, les parties prônant cette alternative n'ont pour l'heure aucun projet viable", a-t-il indiqué. RAMDANE BOURAHLA