L'université algérienne, à l'instar de toutes les universités de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), dépense des budgets faramineux et souffre du manque de qualité en termes de formation, de gouvernance et de solutions à même de faire valoir ses diplômes dans le secteur privé. C'est ce qui ressort du 5e Colloque international qui se déroule, depuis hier, à la Faculté de médecine de Ben Aknoun (Alger) sous le thème "Changement de paradigme dans l'enseignement tertiaire : amélioration de la qualité et de la gouvernance en faveur de la compétitivité et de l'employabilité". D'emblée, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a reconnu que "l'université algérienne fait face à une croissance exponentielle du nombre d'étudiants qui arriveront sur le marché du travail. En 15 ans, l'université a connu un taux de 289% d'augmentation en termes d'accueil, passant de 429 000 à 1 500 000 étudiants. Cette situation se répercute inéluctablement sur le marché du travail, notamment dans le secteur privé de plus en plus exigeant en termes de qualité des diplômes". Estimant que cette rencontre, à laquelle prennent part plusieurs ministres de pays arabes et africains, mais aussi des experts de la Banque mondiale (BM), pourrait déboucher sur des solutions à même de dégoupiller une situation explosive, l'orateur a indiqué que "les nouvelles problématiques auxquelles fait face l'université suggèrent des solutions d'urgence au vu du nombre élevé de la population universitaire de mettre des mécanismes efficaces pour améliorer la qualité afin de permettre aux nouvelles compétences de se placer sur le marché du travail". De son côté, le ministre mauritanien de l'Enseignement supérieur a estimé que "la région Mena, autrefois source des grandes universités du monde, est classée au dernier rang mondial. Aujourd'hui, les universités arabes et africaines ne forment pas des compétences en fonction du besoin de l'industrie, encore moins pour les services et les technologies. Le niveau du chômage est en nette croissance. Pis encore, certaines universités sont devenues de véritables sources de radicalisation". Citant des exemples concrets, l'orateur dira que "des majors de promos sont recrutés par Daech. D'autres universités forment pour la Fonction publique et la bureaucratie. À quoi sert de former des compétences pour les boucler derrière les murs des ministères ? En face, le secteur privé est en mal de trouver des ressources humaines compétentes à cause de l'absence d'une gouvernance intelligente dans les universités". Ce colloque a eu également le mérite de mettre en exergue l'ouverture des universités sur le monde extérieur. D'ailleurs, les experts ont, tour à tour, abordé la problématique de l'équité, l'implication des gouvernements dans la formation de qualité et la reconnaissance des diplômes, mais surtout les solutions pour les centaines de milliers de diplômés qui butent sur le chômage et la radicalisation. Aujourd'hui, il est attendu que les ateliers de travail sanctionnent cette rencontre par une série de recommandations à même de permettre aux universités de la région Mena d'aller vers un "nouveau mode de gouvernance dans les universités". FARID BELGACEM