Quatre walis ont été désignés ministres dans le nouveau gouvernement. Un fait remarquable, tant il souligne un intérêt porté aux technocrates pour manager des secteurs ministériels en tant de crise. Cela même si, dans l'absolu, la promotion de ces walis de Tlemcen, d'Oran, d'Annaba et de Blida au rang de ministres, dans le nouveau gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune, n'est pas une nouveauté en soi. La démarche a déjà prévalu. C'est même une sorte de tradition de voir des walis accéder au poste de ministre, une logique du pouvoir algérien qui préfère, depuis longtemps, plutôt faire confiance à des technocrates, commis au service de l'Etat, qu'aux politiques, susceptibles d'indiscipline, ou encore aux personnalités de la société civile et du monde universitaire, capables d'humeurs dérangeantes. Mais est-ce vraiment le parcours qui a plaidé dans ses promotions, surtout que l'idée première du pouvoir était de structurer l'Exécutif de sorte à apparaître comme un gouvernement sinon de consensus, du moins d'union de la majorité parlementaire ? N'affirmons, cependant, rien sur l'accomplissement de leur nouveau magistère. Il peut y avoir une insoupçonnée valeur ajoutée, pour peu que la désignation n'ait pas obéi à des critères subjectifs comme il arrive souvent dans le cas de la cooptation. Le parcours de ces walis, devenus ministres, peut plaider en leur faveur, technocrates qu'ils sont au service de l'Etat. Leurs expériences sont un atout, mais seront-ils en mesure de se hisser à ce niveau de responsabilité où la technicité n'est pas le premier paramètre d'appréciation, tant est que des situations politiques exigent des gymnastiques et des adaptations qui ne sont pas à la portée du premier commis venu. D'ailleurs, les walis promus ministres n'ont pas le souci de bilan à défendre en tant que premiers responsables de wilaya. Leur promotion devrait valoir, normalement, un bilan positif. Au gouvernement, ils se soumettent à un autre plan comptable. Souvent, l'examen, selon ce plan, n'est pas concluant. L'ex-ministre de la Santé, qui était en poste à Oran, a été très décrié depuis plus d'un an pour sa gestion du secteur. Le wali d'Oran promu ministre dans l'équipe Tebboune ne quitte pas la wilaya sur une bonne appréciation. Il hérite d'un portefeuille ministériel, d'un secteur sensible, celui des transports, qu'il a laissé à Oran, dans l'anarchie la plus totale, déstructuré. Ce qui veut dire que ce n'est pas forcément le bilan qui dicte la promotion. D. LOUKIL