Des voix affirment que le fils du défunt colonel Kadhafi peut jouer un rôle dans la sortie de crise en Libye. Certains lui prêtent carrément le rôle de "pivot" dans la résolution de cette crise. La libération, samedi passé, de Seïf El Islam, fils du défunt guide libyen Mouammar Kadhafi, par la Brigade Abu Bakr Essedik de Zenten, motivée par la loi d'amnistie adoptée par le parlement de Tobrouk en 2015, suivie immédiatement par la dissolution de ladite brigade dont les éléments ont intégré la région militaire de l'ouest, a ouvert une nouvelle ère dans la crise libyenne qui dure depuis sept ans. Une issue pour le fils de l'ancien guide libyen saluée par plusieurs ONG et défenseurs des droits de l'Homme ainsi que des responsables politiques, des élus, notamment du Parlement de l'Est (non reconnu) et des tribus, qui estiment qu'il a un rôle politique à jouer. "Il peut jouer un rôle de pivot dans la solution à la crise que traverse le pays", a affirmé un élu du parlement de Tobrouk arguant que même détenu depuis 2011 à Zenten, "Seïf El Islam a joué un rôle dans l'unification de plusieurs tribus". Signe que, selon lui, Si Seïf El Islam porte un projet de consensus, d'entente et de réconciliation nationale, tout le monde va adhérer à sa démarche. Selon des médias libyens qui citent certaines sources, Seif El Islam devrait rencontrer quatre dirigeants politiques de Tripoli, citant Belhadj, Selabi, Charif et Essaidi, de la mouvance islamiste qui représente un poids dans la région centre du pays soutenu par une majorité des milices de la région. Si l'élargissement de Seïf El Islam est perçu pour certaines parties comme un prélude à une solution politique à la complexe crise dans laquelle s'est enlisé le pays, le personnage bénéficiant toujours d'une large influence notamment au sein des tribus et des milieux instruits, le maréchal Haftar commandant de "l'armée libyenne" et le procureur de Tripoli le voient plutôt comme une source de menace. Pour le chef militaire autoproclamé, Seif El Islam n'a aucun rôle à jouer, il est politiquement grillé et qu'au contraire, il pourrait rééditer le système de son père et être une source ce division des Libyens. Le procureur de Tripoli a réagi de son côté en rejetant la libération de Seif El Islam considérant que celui-ci a été condamné (à mort) par contumace, et de ce fait, il doit se présenter au tribunal. Aussi a-t-il demandé une enquête pour savoir s'il satisfait aux conditions pour bénéficier de la loi sur l'amnistie. Cependant, il doit encore faire face au mandat d'arrêt international lancé contre lui par la CPI pour crime et son rôle dans la répression de la population en 2011. Ce qu'a d'ailleurs rappelé Human Rights Watch qui a dénoncé sa libération et réclamé sa comparution devant la cour internationale. Son avocat, Khaled Ezzaidi, qui avait annoncé sa libération, a affirmé que son mandat a quitté Zenten pour jouer un rôle politique sans donner sa destination, pour des raisons sécuritaires, avait-il souligné. Quant au mandat d'arrêt de la CPI, il a indiqué que son client ne peut pas être jugé deux fois pour la même affaire. En plus du fait qu'aucune autorité libyenne ne veut le livrer à la CPI. Cela dit, Seïf El Islam garde une certaine popularité et cette image de l'homme politique qui s'est opposé (timidement) à son père en préparant la réforme de son régime. Un atout pour lui, d'autant qu'il est l'un des rares à avoir une véritable vision de l'Etat loin des archaïsmes érigés en mode de gestion et entretenus lors du règne de son père. Et si, en définitive, cette tournure que prennent les événements n'est que la mise en application d'accords conclus entre toutes les parties, qui n'ont pas réussi, sept durant, à ébaucher la moindre solution, réanimant souvent les divergences claniques et tribales qui finissent par de sanglants affrontements. Seïf El Islam pourrait, de ce point de vue, être la solution la moins mauvaise. Djilali B.