"La réunification des rangs des militants de notre mouvance est un processus qui couve depuis des années, et que nous avons dernièrement relancé, mais qui tarde à se concrétiser", a avoué Makri. Eclatée en plusieurs formations politiques, conséquence de luttes internes pour le leadership, mais aussi d'infiltration et autres pressions externes, la mouvance islamiste cherche, depuis quelques années, à se reconstituer en un bloc politique uni. Les tentatives d'alliances, voire de fusion, sont réactivées notamment chaque fois qu'une échéance électorale approche. Ainsi, à l'approche des élections locales, des rapprochements ont été opérés par les partis islamistes. Après la fusion "consommée" entre le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le Front du changement (FC), d'une part, et l'alliance tripartite El-Adala - Ennahda - El-Bina, construite depuis les dernières législatives sur les décombres de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), alliance électorale contractée en 2012 par le MSP, Ennahda et El-Islah, d'autre part, l'ensemble des leaders de ces formations ne cachent pas leur volonté d'élargir leurs alliances. Leur objectif étant de peser sur la prochaine élection présidentielle. Abderrezak Makri, qui vient de récupérer la présidence du MSP, après l'avoir cédée cinq mois durant au revenant Abdelmadjid Menasra (FC), avait affirmé, tout récemment, que des "pourparlers" ont été engagés entre sa formation, Ennahda et El-Bina. Il avait laissé entendre que l'alliance entre les deux formations serait même imminente au vu de "l'avancée" des pourparlers. Relancé hier par nos soins, M. Makri dira qu'il s'agit, en réalité, d'un processus ancien qui vient d'être remis en branle par les trois formations, mais qui n'aboutit toujours pas. Cela, ajoute-t-il, malgré la "volonté" qui anime les chefs de file des trois formations. "La volonté de réunifier nos rangs, c'est-à-dire inciter l'ensemble des dissidents du MSP à y revenir, existe, certes, mais aucune décision officielle n'a été prise pour le moment. La réunification des rangs des militants de notre mouvance est un processus qui couve depuis des années, et que nous avons dernièrement relancé, mais qui tarde à se concrétiser", a expliqué le chef du MSP, non sans préciser que cette tentative d'alliance ou de fusion des rangs de ces partis islamistes n'a aucun rapport avec la prochaine élection présidentielle. M. Makri, qui souhaite élargir l'alliance à d'autres formations de la même obédience, telles qu'El-Adala d'Abdallah Djaballah, écarte aussi l'idée que ce projet d'alliance soit plombé par les luttes de pouvoirs et/ou de leadership. Si Djaballah avait également exprimé par le passé sa volonté de trouver le consensus avec notamment le MSP à même de constituer un grand front islamiste, il reste, néanmoins, l'un des chefs de la mouvance islamiste le moins apprécié de ses "frères" pour avoir été "trahi" plus d'une fois par le passé. Avant de créer le FJD, renommé El-Adala, Djaballah, faut-il le rappeler, s'est fait "subtiliser" au moins deux formations politiques, (El-Islah et Ennahda), qu'il avait fondées auparavant. Il est également connu pour son amour pour le leadership. C'est dire toute la complexité de voir la famille islamiste réunifiée. Farid Abdeladim