L'instruction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, soumettant l'ouverture du capital de toute entreprise publique au privé à son accord préalable, adressée jeudi dernier au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, vient couronner une campagne soutenue et acharnée, menée par le FLN, après la tripartite du 23 décembre 2017. Au lendemain de l'instruction présidentielle, le Front de libération nationale s'est félicité dans un communiqué rendu public de cette "décision politique souveraine", rappelant au passage le rôle qu'il avait joué en engageant "une rencontre de concertation avec le partenaire économique et social" dans le cadre du partenariat publique-privé (PPP). Une rencontre qui, pour rappel, avait été qualifiée de "tripartite parallèle". Contacté hier par Liberté, Djamel Ould Abbes a indiqué que "le FLN ne gère pas l'Exécutif, mais en tant que première force politique du pays, dont le parti est présidé par le président de la République, nous sommes dans le rôle d'une sentinelle qui veille à ce qu'il n'y ait pas de déviation". C'est d'ailleurs dans ce chapitre que le secrétaire général de l'ex-parti unique inscrit la rencontre qu'il avait tenue avec la centrale syndicale UGTA, le Forum des chefs d'entreprise (FCE), et la Confédération algérienne du patronat (CAP), le 3 janvier dernier, en son siège, à Alger, à Hydra : "Nous n'avons pas refait la tripartite, mais nous avons simplement demandé à rencontrer le partenaire économique et social pour avoir des clarifications. Parce qu'il convient de rappeler que nous n'avons pas été tenus informés ni consultés de la rencontre du 23 décembre." Cependant, à la question de savoir si le gouvernement est dans l'obligation de consulter le FLN pour une rencontre avec le partenaire économique et social, Djamel Ould Abbes admet que "le gouvernement n'est pas tenu, en effet, de nous informer". Seulement, contextualise-t-il, "si le Premier ministre nous a réunis en tant que partenaires avec le RND, TAJ et le MPA, pour discuter de la loi sur la monnaie et le crédit, ainsi que pour donner notre avis sur la loi de finances 2018, pourquoi ne l'a-t-il pas fait s'agissant de cette tripartite qui fait pourtant partie du package ?". Et de poursuivre : "La logique veut donc que nous soyons tenus informés des détails de cette rencontre pour savoir quoi faire au niveau des assemblées élues, notamment l'APN où nous avons la majorité." Interrogé pour savoir si le FLN n'avait pas agi parce qu'il avait des informations précises sur des cas de privatisations, notamment l'ouverture du capital de certaines entreprises publiques stratégiques, Djamel Ould Abbes affirme qu'"il n'en a jamais été question" et que "le gouvernement n'avait aucune intention d'opérer dans ce sens". Pourquoi alors le FLN parle-t-il de "veiller à ce qu'il n'y ait pas de déviation" ? Djamel Ould Abbes ironise : "Comme je suis médecin, je dis qu'il vaut mieux prévenir que guérir !" C'est aussi dans cette logique qu'il inscrit la clause contenue dans la charte signée entre le FLN, l'UGTA, le FCE et la CAP, et qui stipule que "le secteur public stratégique est inaliénable". Mehdi Mehenni