La reconstitution du clan des Kadadfas est en route. Mais non sans un risque de concurrence interne, entre Seïf El-Islam et son cousin Keddaf Edam. Seïf El-Islam, le favori de la famille, doit cependant convaincre et réussir à lier des alliances stratégiques et tactiques avec les influents acteurs politiques et militaires libyens. Un pari difficile mais pas impossible. Comble de l'histoire ! Au moment où Seif El-Islam, le fils de Mouamar Kadhafi, annonce sa candidature à l'élection présidentielle de la Libye qui doit se tenir en septembre prochain, si le calendrier est maintenu, l'ancien président français, Nicolas Sarkozy, est rattrapé par la justice dans le cadre de l'enquête sur le financement de sa campagne pour la présidentielle par le guide libyen. Le timing de l'annonce ne semble pas fortuit pour au moins deux raisons. Les garanties qu'aurait eues Seïf El-Islam, notamment celles des tribus de l'Ouest et éventuellement du maréchal Haftar, d'une part. D'autre part, la persistance de l'instabilité, du chaos et l'impasse politique en l'absence d'un consensus entre les différents acteurs de la crise interne. Les différentes initiatives politiques qui leur ont été proposées ont échoué à mi-chemin en raison de l'entêtement, parfois de l'intransigeance, de certaines parties mais aussi de l'interférence de puissances étrangères. Et c'est dans la complexité de ce contexte que vient Seif El-Islam avec un projet, le plus fiable, pour la sauvegarde de la Libye. Un projet de reconstruction d'un Etat démocratique et moderne. En fait, le fils d'El-Kadhafi reprend son projet initial auquel s'était opposé son père juste avant l'intervention de l'Otan et qu'il a développé avant de le rendre public après sa libération en novembre 2017. Signe que "son clan" a pris du poids dans l'échiquier politique et probablement reçu des appuis du conseil des tribus, notamment celles de l'Ouest. Pour l'instant, les réactions sont mitigées. Même les farouches opposants au retour du clan Kadhafi sont dans l'expectative. Signe également que les positions de certains camps ont évolué pour permettre un rapprochement, d'autant plus qu'il se présente en rassembleur de tous les Libyens contrairement aux autres partis politiques et groupes qui sont figés dans des logiques d'exclusion des autres ou d'une partie des acteurs politiques. Pis, la majorité de ces acteurs, qui par ailleurs imposent, chacun de son côté, leur hégémonie dans une région, agissent en sous-traitant pour des puissances étrangères. Obéissent donc à des agendas étrangers. Ce qui explique entre autres les désaccords, les tensions régulièress et les affrontements entre les partis politiques et leurs bras armés. En effet, on retrouve à travers les positions des uns et des autres les traces de décisions américaines, saoudiennes, italiennes ou encore turques. Ce qui prolonge la durée de vie du chaos et amenuise les chances d'arriver à un accord et une solution politique. Et ces positions risquent de peser dans l'acceptation ou non de la candidature de Seif El-Islam, quand bien même il bénéficierait du soutien du conseil des tribus et de certaines capitales. Un soutien qui pourrait s'avérer capital dans le cas de négociations inter-libyennes. Une configuration donc qui lui donne l'avantage de ne pas être lié à un groupe donné ou à une quelconque entité étrangère en plus d'être le seul à avoir un véritable projet de sortie de crise, de réconciliation et de développement. Il lui reste cependant à convaincre tous les clans et actifs sur la scène libyenne et bénéficier de la caution internationale. Les capitales qui plaident pour une solution politique et la réconciliation ne devraient pas s'opposer à son éventuelle candidature. Sa sortie, en réaction à la garde à vue de l'ancien président français Sarkozy, démontre on ne peut mieux sa détermination à contribuer à la solution à la crise de son pays en jouant un rôle politique majeur, quitte à s'allier avec toutes les parties libyennes dont certaines sont connues pour être inconciliables. Des alliances tactiques sont envisageables, notamment avec Al Saradj ou encore le maréchal Haftar, tous deux intéressés par la perspective d'une redistribution des rôles. Djilali B.