Après plus de cinq mois de grève, le mouvement des médecins résidents pourrait connaître un nouveau tournant, après les événements de mardi dernier, notamment. À Constantine, les grévistes ont décidé, à l'unanimité, "l'arrêt de toute activité de garde à partir du 24 avril". En effet, mardi soir, au CHU Ibn Badis, une centaine de médecins résidents se réunissaient autour de leurs délégués, et ce, en réaction au coup de force des services de l'ordre, organisé plus tôt dans la journée, contre leurs confrères, à la place Emir-Abdelkader, devant l'APN, à Alger. À l'issue de cette réunion "nocturne", il a été décidé "l'arrêt immédiat et inconditionné de toute activité de garde dans le CHU et les EHS, à partir du 24 avril 2018, et ce, jusqu'à nouvel ordre", nous a déclaré, hier, le Dr Mohamed Tahar Dridi, chargé de la communication au bureau régional du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Il précisera : "Depuis le début du mouvement, la totalité des structures hospitalières fonctionnait en service restreint. Nous assurions seulement les gardes de 8h à 16h et les actes urgents qui nécessitent une hospitalisation. Ce ne sera plus le cas à partir d'aujourd'hui (hier, ndlr)." Notre interlocuteur ne manquera pas, toutefois, d'égratigner le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui a, rappelons-le, qualifié les médecins résidents d'"étudiants". "Ahmed Ouyahia nous a qualifiés d'étudiants, nous ne serons donc pas tenus pour responsables de ce qui peut arriver", a réagi le Dr Dridi. Lors des prises de parole, des médecins résidents représentant tous les services, à savoir de gynécologie obstétrique, de neurologie, de cardiologie, de radiologie, d'ORL ou de pédiatrie, sont revenus sur les événements de la journée au cours de laquelle, "une manifestation pacifique a été violemment réprimée", nous dit-on. "C'est avec effroi que nous venons encore d'assister à un déchaînement de haine inqualifiable et injustifié contre une manifestation pacifique organisée par le Collectif autonome des médecins résidents algériens dans le cadre de ses actions pour un système de santé digne et humain", lit-on dans un communiqué transmis à notre rédaction. "Nos confrères ont été insultés, humiliés, battus... Certaines consœurs ont même été traînées par les cheveux et arrêtées", atteste le Dr Dridi. Et de condamner "fermement ces agissements honteux". Par ailleurs, lors de ce rassemblement, on a également fait le point sur "la lutte continue des médecins résidents afin d'insuffler une force au mouvement", indique-t-on. Un mouvement qui, faut-il le rappeler, dure depuis plus de 5 mois. Afin de s'assurer que le mouvement impacte le moins possible les patients, la direction du CHU Ibn Badis a décidé de réquisitionner les assistants, nous a-t-on dit. LYNDA NACER