Cela fait plusieurs mois que les habitants des quartiers de la Nouvelle ville de Harraten, située à l'est du chef-lieu de la commune de Jijel, vivent dans une atmosphère de psychose et d'angoisse suite à l'insécurité qui prend des proportions inquiétantes. Les services de la Gendarmerie nationale qui se battent contre vents et marées pour assainir cette région, trouvent de grande difficultés pour maîtriser les gangs qui agissent en maîtres des lieux. Vol, agression à l'arme blanche, diktat et bagarres générales, sont les désagréments auxquels font face les habitants de cette région. Des jeunes délinquants de tout âge se regroupent dès la tombée de la nuit pour consommer des boissons alcoolisées et des psychotropes avant de passer à l'acte. Munis d'armes blanches, leur mission consistent à guetter les passants et les délester de leurs téléphones portables et autres objets de valeurs, a-t-on appris auprès des habitants. "L'insécurité qui règne à Harraten est devenue inquiétante. Nous avons peur pour nos familles et nos biens, surtout quand il y a un règlement de compte entre les bandes rivales", s'insurge-t-on. En effet, les habitants qui ne savent plus à quel saint se vouer, ont assisté à maintes reprises à des rixes sanglantes qui ont opposé plusieurs dizaines de personnes. Ces voyous n'hésitent pas à utiliser des blocs de pierre et des objets contondants lors de ces bagarres, sans se soucier du voisinage et des dégâts qui peuvent être causés. Pas plus tard que la semaine écoulée, les habitants ont vécu une nuit de terreur lorsque les quartiers de cette zone dite "interdite" se sont transformés en champ de bataille sous le regard impuissant des habitants. "On était pris en étau. Tout le monde avait peur de ce qui pouvait se passer, on a entendu des hurlements et coups durant plusieurs heures, mais impossible de quitter les lieux ou de sortir pour mettre les véhicules à l'abri" dévoile un père de famille. "Le climat d'insécurité et d'effervescence vécu durant cette nuit-là s'est répercuté négativement sur l'état psychologique des enfants", s'indigne notre interlocuteur. Il faut dire que les centaines de baraques de fortune qui étaient implantées il y quelques années sur une superficie de plusieurs hectares, se sont répercutées d'une façon néfaste sur les quartiers réalisés récemment. Les familles qui habitaient les bidonvilles partagent désormais les mêmes immeubles et quartiers que celles venues des autres régions de la ville, ce qui a créé un climat plutôt tendu et des agressions verbales répétitives même entre femmes. Selon certains notables de la ville, "la réconciliation se fera au fil du temps, comme cela s'est produit lors de la création des quartiers populaires de la cité des 400-Logements au Camp Chevalier durant les années 1980, ou encore la cité Ekité, connues aujourd'hui par leur sérénité", assure-t-on. Toutefois, une réaction musclée semble s'imposer pour rétablir l'ordre et instaurer ne serait-ce qu'un minimum de civisme et de respect d'autrui. RAYAN MOUSSAOUI