La Coordination nationale de défense des droits des chômeurs s'est démarquée de la protestation et a mis en garde contre des "manipulations et des manigances d'hommes politiques animés par des ambitions purement personnelles". La protestation a, encore une fois, choisi le chemin de la rue à Ouargla où un imposant rassemblement a été organisé, hier, pour réclamer le développement local et réitérer les revendications formulées lors du soulèvement citoyen du 15 septembre dernier. Plusieurs centaines de personnes ont convergé vers le chef-lieu de wilaya pour exprimer leur ras-le-bol, mais surtout pour s'insurger contre l'attitude autiste des autorités locales. Quadrillés par un imposant dispositif de sécurité pour parer à d'éventuels dérapages, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au wali qui aura fait des promesses et pris des engagements qu'il n'a, jusque-là, pas honorés. La colère était perceptible sur le visage de l'ensemble des protestataires qui ne juraient que par le départ du chef de l'exécutif et de certains directeurs cités dans plusieurs scandales de corruption. La placette du centre-ville a été drapée de banderoles et d'écriteaux résumant la précarité d'une population qui subit l'avanie dans la plus riche wilaya du pays en matière de ressources et de richesses pétrolières. L'épineux dossier de l'emploi, de la construction des infrastructures de base, de la santé et de l'éducation a été ainsi au cœur des revendications formulées lors de cette action initiée par des activistes de la société civile. Cependant, ce qui est remarquable dans ce mouvement de protestation, c'est l'absence de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC) et les mises en garde de ses leaders contre ce qu'ils qualifient "de manipulations et de manigances d'hommes politiques animés par des ambitions purement personnelles". Contacté par nos soins, Abdelmalek Ibek, membre fondateur de ladite coordination, a d'emblée dénoncé les manœuvres de quelques représentants de partis politiques, particulièrement ceux de la mouvance islamique, qui ont tenté de s'approprier et de revendiquer cette action. D'après notre interlocuteur, "certains politiques ont osé aller rencontrer le wali à l'insu des manifestants qui, aussi étrange que cela puisse paraître, réclamaient le départ de ce même wali. Le scénario était on ne peut plus clair pour les jeunes Ouarglis et les défenseurs des droits de l'Homme de cette région qui incarne depuis plusieurs années la lutte contre la marginalisation, l'avanie et le système liberticide". Au demeurant, le leader de la CNDDC a tenu à rappeler qu'un autre rassemblement a eu lieu la veille de la célébration du 64e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954 en signe de protestation contre les arrestations de journalistes opérées par les services de sécurité au lendemain de la Journée nationale de la liberté de la presse. Il a ainsi dénoncé la politique de deux poids, deux mesures adoptée par le pouvoir en place et l'autoritarisme du système politique qui entame la danse du coq égorgé à seulement quelque mois de l'élection présidentielle. RABAH KARECHE