Des actions de protestation de ce corps judiciaire sont signalées dans plusieurs régions du pays. à M'sila, une dizaine de magistrats de la cour ont décidé de joindre leur voix à celle du peuple qui demande depuis plusieurs jours le départ du système. Les magistrats ont été rejoints, en signe de solidarité, par les avocats en grand nombre, les huissiers de justice, les notaires et même les experts agréés auprès des tribunaux. Munis de pancartes sur lesquelles sont écrits des slogans appelant au respect de la Constitution et à l'indépendance de la justice, ils ont signifié que "les magistrats sont avec le peuple" et exprimé leur attachement au principe de "l'indépendance des magistrats et de la justice". "Non à la violation de la Constitution", "Les avocats soutiennent les juges", lit-on sur les pancartes brandies par les manifestants. Quelques juges ont pris la parole et ont annoncé leur opposition au pouvoir. "Les juges sont les enfants du peuple, ils jugent en son nom et ils demandent le respect de sa volonté", ont-ils clamé, refusant désormais "toute instrumentalisation de la justice" et appelant à l'instauration d'un "véritable Etat de droit". "Cette prise de position courageuse et ferme de l'appareil judiciaire en faveur des revendications exprimées par le peuple algérien depuis le déclenchement de ce mouvement de protestation pacifique, le 22 février dernier, est un atout majeur pour la réussite de cette dynamique citoyenne réclamant un changement de système en Algérie", a estimé un avocat présent au sit-in. "Les avocats et les juges sont une seule famille", ajoute-t-il. Unanimement, les citoyens ont applaudi le courage et la sincérité des magistrats. Quant à ceux d'Aïn Témouchent, ils ont observé hier dans la matinée un sit-in devant le palais de justice de la ville pour soutenir le mouvement citoyen contre le pouvoir et exiger une justice indépendante tout en dénonçant le viol de la Constitution par Bouteflika qui veut prolonger son règne sans passer par l'urne. L'un des magistrats a lu une motion dans laquelle les magistrats demandent d'édification d'un Etat qui se base sur la loi et la démocratie, qui puise ses forces de l'indépendance de la justice et de la séparation des pouvoirs. Les magistrats ont voulu répondre à l'appel de la conscience en se penchant du côté de la mobilisation populaire qui exige le départ du système en place, une revendication légitime pour un changement et le respect rigoureux de la Constitution. À Skikda, les magistrats, juges, procureurs de la République, greffiers et des travailleurs de la justice, relevant des tribunaux de la wilaya, ont organisé hier à midi, un sit-in devant le siège de la cour de justice pour soutenir le mouvement de protestation populaire. Les magistrats et travailleurs de la justice ont scandé des slogans et ont brandi l'emblème national et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Oui à l'indépendance de la justice", "Non à la violation de la Constitution", "Dégagez", "Non à la prolongation, Non au report", "Le peuple est la source du pouvoir". Les youyous poussés par des magistrates ont soulevé l'admiration des passants et des curieux qui étaient nombreux à saluer cette adhésion du pouvoir judiciaire aux revendications du peuple qui veut un changement radical et une nouvelle République respectueuse des libertés. À signaler que les avocats ont été les premiers à afficher leur adhésion aux aspirations populaires en organisant un sit-in devant le siège de la cour de Skikda une semaine auparavant. Les travailleurs de la justice ont aussi organisé, la semaine écoulée, des sit-in devant les différents tribunaux de la wilaya. Chabane BOUARISSA/ M. LARADJ/A. Boukarine