Fidèles à la promesse qu'ils ont faite de "continuer à manifester tous les vendredis jusqu'à ce que le système tombe définitivement", les annabis étaient au rendez-vous, hier, pour marcher pacifiquement aux cris de "Goulna yrouhou gaâ, yrouhou gaâ !". Rivalisant de créativité, des milliers de protestataires, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Non au 3 B" (allusion à Bedoui, Bensalah et Belaïz qui sont susceptibles de faire renaître le système de ses cendres) et "Echaâb yourid mouhasbat el-îssaba" (Le peuple exige des comptes de l'association de malfaiteurs), se sont rassemblés sur le Cours de la Révolution, dès 13h30. Les premiers à être sur les lieux ont été les jeunes du quartier de la place d'Armes, la vieille ville d'Annaba, située à un jet de pierre de la place mythique. Munis de mégaphones et portant des brassards vert et blanc, ces volontaires se sont proposés comme encadreurs de la marche qui s'organisait. Régulant la circulation automobile et recommandant aux participants de ne pas utiliser les vuvuzelas et autres instruments sonores susceptibles de fausser la manifestation, ils auront réussi, avec les jeunes des autres quartiers animés, eux aussi, du souci d'ordre et de civisme, ce 7e grand meeting populaire. Ainsi, comme lors des marches précédentes, la ville côtière a salué à sa manière la victoire remportée contre ceux qui, dans les coulisses du pouvoir, voulaient imposer un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. La foule immense, qui a marché inlassablement à travers les artères du centre-ville jusqu'à la fin de l'après-midi, a aussi et surtout crié comme un seul homme son rejet de toute la nomenklatura et des "parasites" qui gravitaient autour des Bouteflika. Femmes, hommes et enfants n'ont cessé de scander des slogans hostiles aux opportunistes et aux individus qui se sont enrichis sur le dos du peuple. Le plus évident d'entre cette catégorie de prédateurs pour les habitants de la ville a été, une fois encore, le député FLN Baha Eddine Tliba, auquel une banderole de six mètres de long a été consacrée, le représentant visage barré d'une croix rouge et le vouant aux gémonies. À signaler que des centaines d'habitants d'Annaba ont fait le déplacement sur Alger par bus et par taxi, avant-hier, pour être aux côtés des millions de marcheurs de la capitale.