L'activation de l'article 102, malgré le refus du peuple, est ressentie comme une provocation. La désignation de Bensalah comme président intérimaire et le recours, depuis mardi, à une féroce répression contre les manifestants, ont provoqué une grosse colère à Tizi Ouzou où la journée d'hier a été marquée par une forte mobilisation pour exiger le départ de Bensalah et de tout le système. En effet, au moins quatre marches corporatistes ayant comme dénominateur commun le départ des fameux "3 B" et de tout le système ont été organisées dans les rues de Tizi Ouzou. Le bal a été ouvert par les ouvriers du chantier du nouveau stade 50 000 places qui ont entamé leur marche depuis la place de L'Olivier, vers 9h, pour suivre, en sens inverse, l'habituel itinéraire des marches jusqu'au campus Hesnaoua de l'université de Tizi Ouzou. "Bensalah dégage", "Système dégage", scandaient les ouvriers du nouveau stade dont le patron n'est autre qu'Ali Haddad qui a été placé sous mandat de dépôt à la maison d'arrêt d'El-Harrach. La marche de ces derniers n'était pas encore arrivée à son point de chute, que les greffiers et le personnel de la cour de Tizi Ouzou ont, malgré des tentatives des procureurs de les en empêcher, entamé une marche vers le centre-ville passant par le tribunal et le tribunal administratif où ils ont été rejoints par leurs confrères. "Système dégage", "La loi du peuple est une loi suprême", "Les fonctionnaires de la cour de justice affirment leur soutien aux revendications populaires", "li isqat enidham", "Silmiya, silmiya hata tasqout el houkouma el bedouia", lit-on sur les pancartes de ces fonctionnaires de la justice qui scandaient à tue-tête "Bensalah dégage", "Belaïz dégage", "Bedoui dégage", et encore "Âdala houra dimocratia". Au centre-ville, les travailleurs de la Direction de l'urbanisme qui ont entamé une marche à partir de leur siège ont rejoint celle des greffiers avec lesquels ils ont partagé le reste de l'itinéraire jusqu'à la place de L'Olivier. "Si le peuple mène la révolution c'est pour mener la transition. Ni B, B, B ni aucun du système", lit-on sur la banderole déployée en première ligne de la marche des travailleurs de la DUC. La foule des fonctionnaires de la justice et de la wilaya ne s'était pas dispersée que des cris "Bensalah dégage" résonnent au loin. Ce sont les travailleurs de l'Eniem qui, ayant entamé leur marche à 8h depuis la zone industrielle d'Oued Aïssi, viennent d'arriver en ville après avoir parcouru une dizaine de kilomètres à pied en scandant encore les mêmes slogans demandant le départ de Bensalah and Co. À Larbâa Nath Irathen, les greffiers et les travailleurs du tribunal local ont également organisé un rassemblement devant leur institution, toujours dans la matinée d'hier, a-t-on appris de sources locales.