Le médiateur éthiopien propose de former une instance composée majoritairement de civils pour assurer une transition politique. Les représentants du mouvement de contestation au Soudan ont accepté samedi une proposition du médiateur éthiopien visant à former une instance majoritairement composée de civils pour assurer une transition politique, alors que le bras de fer se poursuit avec l'armée au pouvoir. "Nous pensons que notre acceptation de cette proposition est un pas majeur pour réaliser les objectifs de la révolution qui sont liberté, paix et justice", a indiqué à des journalistes un de ses représentants, Babiker Faïçal. "Cela mettra notre pays sur le bon chemin vers une période de transition qui aboutira à une démocratie durable", a-t-il ajouté. Reste à savoir qu'elle sera la réponse des militaires soudanais à cette proposition de l'Ethiopie, qui intensifie ses efforts pour tenter de résoudre la crise politique. La proposition éthiopienne prévoit une instance de transition constituée de 15 personnes, avec huit civils et sept militaires. Sur les huit civils, sept seraient issus de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, selon cette proposition qui "confirme les accords précédents" conclus avec l'armée, a affirmé un autre représentant des protestataires, Amjad Farid. Rappelons qu'à l'issue de longues négociations, les représentants de la contestation et les militaires au pouvoir s'étaient mis d'accord, avant la rupture des pourparlers le 20 mai, sur une période de transition d'une durée de trois ans. Ils avaient également convenu d'un Parlement de transition constitué de 300 sièges, dont les deux tiers réservés à l'ALC. "Ce n'est pas possible qu'ils prennent 67% (du Parlement) pour contrôler le peuple", a estimé samedi le numéro deux du Conseil militaire, le général Mohammed Hamdan Daglo. "Ce n'est pas possible qu'eux seuls imposent leurs opinions", a continué le général, dit "Hemeidti", dans un discours depuis un village au nord-ouest de Khartoum où il était en déplacement. Depuis la dispersion du sit-in, la mobilisation des manifestations faiblit, d'autant plus que les redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) sont déployés à tous les coins de rue. Ces forces paramilitaires sont accusées par les contestataires et des ONG d'avoir dispersé le sit-in dans le sang. Samedi soir dans un quartier d'Omdurman, ville voisine de Khartoum, plusieurs camionnettes, avec à leur bord des membres armés des RSF, patrouillaient dans un secteur où devait se tenir un rassemblement. Dans un autre quartier, quelques jeunes, des garçons au visage parfois masqué, mais aussi des filles, se sont rassemblés au milieu d'une avenue pour réclamer un gouvernement civil. "Révolutionnaires, libres, nous allons continuer notre chemin", ont-ils scandé.