Tension palpable pour ce 26e vendredi de révolution pacifique. C'est du moins ce qui ressort des débats menés toute la semaine sur les plateaux de télévision et dans les groupes sur les réseaux sociaux (notamment Facebook) devenus, par la force des choses, le baromètre pour juger du degré d'intensité, de détermination d'un peuple qui ne désarme pas. Comment peut-il en être autrement alors que le 26e acte de mobilisation intervient dans un contexte politico-économique particulier entre une entame de dialogue qui patine et une rentrée sociale qui s'annonce très chaude ? Mais il est évident que rien n'arrêtera ce peuple pacifiste dans sa démarche contestataire avec une ferveur jamais manifestée jusque-là. "Aucun retour en arrière n'est possible", persistent les Algériens dans l'attente, de plus en plus pressante, d'une réponse claire et en adéquation avec les revendications portées depuis le 22 février dernier. Ce vendredi encore, ils restent déterminés, plus que jamais, et réitèrent leur attachement à leurs revendications principales qui restent "le changement du système", "le départ des symboles du régime". Mais le maître-mot de ce hirak demeure, sans ambiguïté aucune, "le rejet d'un Etat militaire". Autrement dit, le peuple réclame que "le pouvoir lui revienne pour décider de sa destinée". C'est d'ailleurs, le message fort adressé à Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef de l'ANP, interpellé chaque vendredi et souvent ciblé par des slogans et des chants très virulents. Et malgré toutes les tentatives de déstabilisation et de division, les appels sur les réseaux sociaux sont massifs. "Il faut libérer les détenus d'opinion", insistent les Algériens, qui voient en "cette injustice une manière de les maintenir très éloignés de la démocratie". C'est le moins que l'on puisse dire, tout comme vouloir, coûte que coûte, aller à une élection présidentielle dans les conditions actuelles sans avoir fait preuve d'aucun acte d'apaisement. C'est en partie ce qui fait avorter toutes les initiatives d'un semblant de dialogue proposé par les uns et les autres, y compris le panel mené par Karim Younès qui manifeste déjà des signes d'échec. À ne pas perdre de vue le discours creux et insipide de la dernière sortie de Gaïd Salah qui ne fait pas avancer les choses et ne présente aucune lueur d'espoir pour une issue prochaine à plus forte raison que la répression se fait de plus en plus ressentir. Rien n'arrêtera, pourtant, ce mouvement en marche. Il semble même conserver toutes ses capacités de mobilisation qui ne sont affaiblies ni par la chaleur caniculaire, qui règne en ce mois d'août, ni par le dispositif de sécurité impressionnant qui est déployé les vendredis, donnant à Alger des allures de guerre. La lutte reste pacifique pour ce qui est des manifestants qui ont tout de même brandi la menace d'aller vers la désobéissance civile, et l'idée fait bien son chemin… Nabila Saïdoun