Ils entament la rentrée avec une mobilisation encore plus forte, plus que jamais déterminés à faire aboutir les revendications populaires. Pour le 29e vendredi, Oran n'a pas dérogé à la règle de la contestation avec un millier de personnes sorties protester contre la politique du pouvoir. Les slogans devenus culte du hirak ont été scandés et repris en chœur par des manifestants qui ont de nouveau exprimé leur rejet de l'élection imposée par l'état-major de l'armée, vilipendant Gaïd Salah et les autres symboles d'un régime discrédité. Hier, et sous un soleil estival, le premier vendredi de la rentrée sociale a été au rendez-vous d'une foule compacte — bien que moins nombreuse que celle des premières semaines du hirak — qui a repris les constantes de la contestation, connues de tous, s'attaquant aux tenants du statu quo qui cherchent à reproduire et à inscrire l'ancien système dans la durée à travers un scrutin refusé par la majorité des Algériens. "Gaïd Salah voti wahdek" (Gaïd Salah, tu peux voter tout seul), "Makanch intikhabet mâa el-îssaba" (Pas d'élections avec la bande) et, s'adressant aux trolls, les fameuses mouches électroniques, arme virtuelle de la contre-révolution, "Asmaâ mlih ya doubaba, manvotich mâa el-îssaba" (Ecoute bien toi la mouche, je ne voterai pas avec el-îssaba). Encore une fois, le vice-ministre de la Défense nationale en a pris pour son grade, et la grande partie des slogans entendus hier, et depuis que le général de corps d'armée est devenu un familier des interventions médiatiques martiales, est dirigée contre sa personne. "Asmaâ ya Gaïd, dawla madania machi âaskaria" (Ecoute Gaïd, Etat civil et non militaire), "Karim Younès maymatalnache, Gaïd Salah mayahkamnache", (Karim Younès ne nous représente pas, Gaïd Salah ne nous gouverne pas), alors qu'un nouveau slogan a fait son apparition sous le ciel d'Oran en référence directe avec les trois dernières interventions successives de Gaïd Salah. "Barakat, barakat min khitab el casernat", (Assez des discours à partir des casernes) scandaient des manifestants très remontés, dont certains, parmi les plus radicaux, s'en sont pris à Soufiane Djilali, le président du parti Jil Jadid, présent à la marche d'hier. Arrivé devant le siège de la wilaya d'Oran, il a été chahuté dans un premier temps avant d'être pris à partie au retour, n'était l'intervention des plus sages. "Pouvoir assassin", "Magharibia chaîne du peuple", ont également été au menu d'un répertoire pas toujours homogène alors que des pancartes brandies un peu partout parmi la foule appelaient à la libération des détenus d'opinion, refusant la "Sissification du pays" ou revendiquant le caractère civil des citoyens : "Je suis civil, vos discours ne m'intéressent pas, dawla madania." Le rendez-vous est donné pour la semaine prochaine avec un mardi qui promet d'être encore plus chaud.