C'est encore une fois une véritable marée humaine qui a déferlé sur la ville des Genêts, à l'occasion de la marche pour le changement radical du système et le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre. Comme de tradition, ils étaient, encore hier, quelques milliers de manifestants à entamer la marche de l'université à 13h30, mais à peine le tronçon longeant le CHU de Tizi Ouzou entamé, la foule qui grossissait à vue d'œil est devenue des plus impressionnantes. Les carrés se forment au même moment partout, l'un derrière l'autre, sur tout le long de l'itinéraire qu'empruntent les marcheurs chaque vendredi. Ainsi, en moins d'un quart d'heure, un tsunami populaire envahit tout le centre-ville, au point qu'il devient quasi impossible d'avancer d'un pas même sur les trottoirs occupés par des hommes, des femmes et des enfants, de toutes les catégories sociales, et venus des quatre coins de la wilaya, pour reprendre en chœur, et avec toujours autant de détermination, les slogans habituels appelant au départ de toutes les icônes du système et exprimant le rejet en bloc de la feuille de route du pouvoir, notamment l'élection présidentielle du 12 décembre, la loi de finances et la loi sur les hydrocarbures. "Dégage Gaïd Salah, had l'âam ulac l'vote", "Gaïd Salah, Bensalah, terrahlou", "Chaâb yourid el istiqlal", "Noukni nennad atsrouhem", "Bled bledna, ndirou rayna, makanch l'vote", "Baouha l'khaouana baouha", "Qanoun el mahrouqat darouh el-îssabat" sont autant de slogans qui fusaient, parfois à l'unisson, dans les gigantesques carrés qui formaient la marche d'hier. Outre les drapeaux, national et berbère, déployés par milliers, dans des formats géants pour certains, les manifestants ont brandi des centaines de pancartes et de banderoles sur lesquelles on pouvait lire autant de messages de dénonciation, de réaffirmation de la détermination du peuple à faire chuter le régime que de soutien aux détenus d'opinion et aux manifestants porteurs de l'étendard amazigh qui croupissent en grand nombre dans les geôles du pouvoir. "Le hirak est là pour sonner le glas de la maffia", "Non à l'élection du 12 décembre", "Non à la loi sur les hydrocarbures", "L'Algérie n'est pas à vendre", "Non à la loi de finances", "La volonté du peuple a été toujours détournée par les urnes obscures du pouvoir. L'élection qui régénère le système ne passera plus", "Ils osent parler d'ingérence alors que la loi sur les hydrocarbures est élaborée par les multinationales", "Nos ennemis d'aujourd'hui sont pires que ceux d'hier", "La solution n'est pas dans vos élections mais dans la transition", lit-on sur certaines de ces nombreuses pancartes.