Le message s'adresse à la fois aux tenants du pouvoir qui tentent d'étouffer le mouvement populaire par la répression et aux acteurs du mouvement appelés à poursuivre les manifestations pacifiques. Le but est de trouver une solution en adéquation avec les aspirations populaires. Des contacts s'intensifient entre les différentes parties qui cherchent une issue à la crise politique que traverse le pays et qui serait favorable à la révolution populaire. Ainsi, quelque 120 personnalités publiques, dont le moudjahid Lakhdar Bouregâa, en liberté provisoire depuis le 2 janvier dernier après avoir passé plusieurs mois en prison, les universitaires Nacer Djabi, Mohamed-Arezki Ferrad, Louisa Aït-Hamadouche, Zoubir Arous, des avocats, des journalistes et des représentants des collectifs des étudiants, s'attellent à rapprocher les visions afin de parvenir à organiser une conférence nationale fédératrice du mouvement populaire. Me Abdelhafid Tamert, qui fait partie du noyau de coordination, nous a expliqué que depuis le 28 décembre dernier, des rencontres constantes ont lieu entre les animateurs du PAD (Pacte des forces de l'alternative démocratique), le collectif des démocrates de la société civile, des collectifs d'étudiants… "Nous voulons absolument que nos projets convergent et que nous allions ensemble à la conférence nationale. Lakhdar Bouregâa et d'autres personnes qui ont signé l'appel de samedi nous encouragent dans cette voie", a-t-il précisé. En attendant que l'initiative mûrisse, ces personnalités, réunies samedi à Alger pour la seconde fois en moins d'un mois, ont convenu de lancer un appel urgent aussi bien en direction du régime que du mouvement citoyen. Elles se sont insurgées contre la répression qui s'abat sur les activistes et les militants politiques, ainsi que sur des manifestants. "Nous dénonçons énergiquement le traitement sécuritaire réservé par le régime au mouvement citoyen, bien que ce dernier se conforme à un pacifisme exemplaire", lit-on dans le document. Les signataires de la lettre regrettent particulièrement les atteintes des forces antiémeutes de la Sûreté nationale à l'intégrité physique et morale des manifestants et la manière "brutale" avec laquelle elles dispersent les rassemblements. "Au moment où nous nous attendions à la libération de tous les détenus d'opinion sans condition et la levée des charges judiciaires contre eux, nous avons assisté, lors du 48e vendredi, à la poursuite des arrestations des militants et leur présentation devant les juges d'instruction." Les signataires relèvent, en outre, que les médias sont toujours sous embargo, au même titre que l'activité politique. "Le régime s'échine à enterrer le hirak par la répression (…) Nous nous interrogeons, alors, sur l'étendue de la bonne foi du discours officiel en ce qui concerne la main tendue au hirak." Les signataires insistent sur la nécessité de ne point abdiquer devant ces pratiques et de continuer à se battre pour faire aboutir les revendications de la rue, en préservant impérativement le caractère pacifique des marches.